Pendant le jour, la ville connait un désordre indescriptible. La circulation routière asphyxie le centre-ville. Les milliers d'automobiles qui entrent dans la ville, surtout pendant les après-midis, provoquent non seulement une paralysie routière mais aussi une anarchie, ce qui donne du fil à retordre aux agents de la circulation, souvent dépassés et impuissants. Dès le petit jour, les fabricants de zlabia commencent déjà à préparer la pâte et le liquide de miel dans lequel on trempe la zlabia pour qu'elle devienne mielleuse. La plupart consacrent surtout la matinée a répondre et à satisfaire la commande des revendeurs de zlabia. Chaque jour, des centaines de tonnes de zlabia prennent la destination vers différentes régions du pays. Ce label que les Boufarikois ont hérité depuis l'ère ottomane, reste toujours apprécié par les milliers de consommateurs qui se bousculent chaque jour devant les magasins pour arracher un kilogramme de zlabia ou un litre de cherbette. Toutefois, ces dernières années, la fabrication de la zlabia n'est plus la spécialité de certaines familles qui avaient pendant longtemps dominé la vente de ce produit sucré. Aujourd'hui, la fabrication de la zlabia n'est plus l'apanage de cercles restreints. Des dizaines de magasins ont été ouverts en ville par des jeunes Boufarikois qui, désormais, maîtrisent bien la fabrication du produit. Certains ont même opté pour l'innovation. Certains fabriquent de la zlabia mélangée avec des cacahuètes, d'autres se contentent de la tunisienne. Les préparateurs de Charbet innovent également en ajoutant des colorants au liquide, fabriquée à base d'eau, d'acide citrique et de vanille. Abdelkader, un jeune d'à peine 20 ans, est devenu professionnel dans la manipulation de l'entonnoir. Il a appris le métier avec son père et ses oncles qui ne rataient pas le mois de Ramadhan pour renouer avec ce métier presque ancestral. Comme tant d'autres jeunes Boufarikois, il a opté pour le métier de fabriquant de zlabia. Pendant le Ramadhan, des jeunes comme lui passent toute la journée devant les fourneaux pour surveiller la cuisson. A Boufarik, les nouvelles constructions, surtout au niveau du quartier dénommé « Bangladesh », ou à la sortie nord et ouest de la ville, ont permis la location de locaux pour s'adonner tout au long de l'année à ce métier lucratif. La prolifération des magasins de zlabia dans ces lieux limitrophes de la ville a désengorgé surtout le centre-ville. Le fameux quartier « Zenket Laâreb » et le « boulevard des fidaïne » au cœur de la ville de Boufarik baignent dans le calme après avoir été pendant trente années sous l'emprise des marchands de l'informel. Depuis l'éradication de ce marché, les lieux ont retrouvé leur vocation. Le boulevard a connu une grande opération d'aménagement et le quartier « zenket Laâreb » reste sous la surveillance des services de l'ordre qui veillent au grain. Leur présence dissuade les marchands de l'informel de revenir à nouveau. Il faut dire que la ville de Boufarik ne connait de répit que durant les quelques heures qui précédent le s'hor. Outre une circulation dense, les familles se ruent vers les commerces pour acheter les vêtements de l'Aïd. Les placettes et certains cafés sont le domaine de la gent masculine qui s'y adonne aux jeux de cartes et dominos jusqu'à l'aube.