Zlabia... aux cacahuètes et charbet au goût de fraise ou de vanille. Cela aurait pu passer pour une plaisanterie de mauvais goût si ces ingrédients n'avaient pas été introduits à Boufarik, dans le sacro-saint lieu où se confectionne la fameuse confiserie et la non moins célèbre citronnade. Puristes, s'il y en a, l'air du temps a changé ! La preuve : jamais gâteau et boisson n'ont eu un tel succès. Comme à chaque Ramadhan, le commerce de la zlabia et du charbet bat son plein à Boufarik. La ville, dont les confectionneurs de la confiserie et de la boisson sont connus pour leur savoir-faire, ne désemplit pas. On vient de toutes les wilayas du centre pour en acheter. Devant les points de vente, la même scène : des files interminables de consommateurs. Ni la soif, ni la chaleur ambiante, ni celle dégagée par les fourneaux ne semblent les décourager. Rien que sur la fameuse rue Alili, couverte par des platanes centenaires, on compte plus d'une dizaine de revendeurs de zlabia et de charbet qui se livrent une concurrence féroce. Une concurrence qui a incité certains d'entre eux à ouvrir en parallèle des points de vente de la fameuse boisson. Ce qui explique la rareté et la cherté du citron vert sur le marché. Cet agrume est carrément raflé par les préparateurs de ce liquide à base d'eau, de sucre, d'acide citrique, de colorant et de citron. Il faut dire aussi que la rivalité incite à l'innovation. Les préparateurs ne maquent pas d'imagination pour attirer les acheteurs. Alors que la zlabia a vu ses ingrédients s'enrichir de cacahuètes, le charbet a pris de la couleur pour être confectionné au goût de fraise et de vanille. Ces nouveautés ont fait vaciller le trône des quelques familles boufarikoises connues depuis des lustres pour leur savoir-faire en la matière. Ainsi, devant la maison des Aksil, une des plus anciennes familles confectionnant la zlabia, on enregistre de moins en moins de clients. Dans ce foisonnement de marchands, le nom ou la réputation ne font plus recette, pourvu que la friandise soit estampillée made in Boufarik. « Je viens presque chaque jour acheter de la zlabia. C'est un passe-temps mais en même temps je dois assurer la présence de cette sucrerie sur la table », explique ce jeune Algérois accompagné de deux amis. Ces derniers entassent les kilos achetés dans le coffre de la voiture.