S'exprimant à l'ouverture de la rencontre, Mme Nadia Labidi s'est engagée à tracer les grandes lignes de cette nouvelle politique à partir des idées, des critiques et des propositions exprimées par les professionnels du livre lors de cette rencontre préparatoire de la conférence nationale sur la culture qui devrait se tenir à la rentrée. « Le ministère de la Culture est seulement là pour accompagner les artistes en mettant en place des mécanismes favorisant la création », a telle affirmé. Pour les participants, le nombre de librairies demeure insuffisant. Le réseau de librairies n'arrive pas à se développer, car ceux qui exercent le métier de libraire ne peuvent plus en vivre, en raison notamment des loyers exorbitants pratiqués par les propriétaires. En matière de promotion du livre, des intervenants ont préconisé 4 paramètres, qui doivent être utilisés de façon judicieuse pour promouvoir le livre. Il s'agit de travailler en collaboration avec les médias, élaborer un travail permanent sur les revues littéraires, diffuser les produits sur la toile et organiser des rencontres et des conférences en vue de présenter l'auteur aux lecteurs. Pour le libraire et éditeur M'hand Smaïl, directeur de la librairie générale d'El Biar, « la communication occupe une place primordiale dans l'activité ». D'autres professionnels ont insisté sur la nécessité d'inculquer la lecture, cette fenêtre sur le monde. C'est une mission qui relève en premier lieu de l'environnement familial et de l'école. D'autres participants ont insisté sur la nécessité de revaloriser le rôle éducatif et d'enseignement des bibliothèques. Dysfonctionnements au CNL Des éditeurs et des auteurs ont également appelé à une plus grande « efficacité » dans le fonctionnement du Centre national du livre (CNL) et ont proposé de revoir les mécanismes de soutien public à l'édition. Créé par décret ministériel en 2009, le CNL a été pensé comme un instrument contribuant à la réalisation de la politique nationale du livre, en intervenant sur toute sa chaîne (création, édition et distribution). Le décret prévoit la mise en place d'un conseil d'orientation, composé, notamment, de représentants de plusieurs ministères (culture, éducation, recherche scientifique, etc.), et de représentants des professionnels du livre. Il est chargé d'approuver le plan d'activité du centre, élaboré par son directeur et par les quatre commissions spécialisées du CNL (traduction, livre jeunesse, édition et activités du livre). A ce jour, seuls le directeur et les membres des commissions ont été installés. Outre ce « dysfonctionnement » au sein du CNL qui l'empêche, selon des participants, de « jouer pleinement son rôle », d'autres professionnels ont appelé à élaborer un « cahier des charges » pour les éditeurs. Il devrait prévoir des obligations en termes de qualité et de nombre d'exemplaires imprimés pour les éditeurs qui ont bénéficié de subventions du ministère de la Culture. La mise en place d'aides publiques spécifiques à l'édition en Tamazight a, par ailleurs, été souhaitée par des éditeurs spécialisés comme Brahim Tazaraght. Pour lui, ces aides doivent aller de pair avec « une politique nationale des langues » qui favorise les traductions (d'œuvres littéraires) entre les deux langues nationales et la multiplication de salons du livre en Tamazight sur tout le territoire algérien. Le livre numérique, autre « parent pauvre » de l'édition en Algérie, devra, à l'avenir, bénéficier d'une plus grande attention des pouvoirs publics, se sont accordés à dire plusieurs professionnels. Ces derniers se sont plaints des « difficultés » qu'ils rencontrent pour commercialiser leurs produits, en l'absence d'une « véritable » politique de promotion du livre numérique. Pour remédier à ce manque de visibilité, l'écrivain Amin Zaoui a proposé la création d'une librairie « entièrement dédiée au livre numérique » à Alger, afin de « familiariser » les lecteurs algériens avec ce nouveau support. Cette rencontre constitue une occasion pour « débattre de la situation actuelle du livre en Algérie et les perspectives de son développement », a indiqué Mme Labidi. « D'autres rendez vous, les premiers du genre en Algérie, se tiendront après le mois de septembre au terme d'une série de rencontres dans plusieurs domaines de la culture », a-t-elle réaffirmé.