Tout en laissant la bande de Ghaza à la folie meurtrière de l'armée israélienne qui multiplie les massacres contre la population civile, la communauté internationale, les Etats-Unis en tête, peine à trouver un compromis visant l'arrêt des hostilités, malgré un certain « progrès » dans les négociations ad hoc, souligné par le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui se trouve dans la région. Devant la fermeté de ton du Hamas, qui exige la levée du blocus, et l'ouverture de l'ensemble des points de passage, Kerry demande l'aide du Qatar (où réside Khaled Machaâl) et de la Turquie, deux alliés régionaux du mouvement palestinien. Selon les Américains, il ne s'agit pas d'un désaveu de la feuille de route présentée par l'Egypte (rejetée par les factions palestiniennes et acceptée par le gouvernement israélien). Au lendemain de sa rencontre à Tel-Aviv avec le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, le chef de la diplomatie US s'est entretenu, jeudi, par téléphone depuis Le Caire avec ses homologues de Doha et d'Ankara, les invitant à faire davantage d'effort pour pousser Hamas à des concessions. Selon le New York Times, citant un membre de la délégation américaine qui se trouve en Egypte, Kerry compte beaucoup sur l'aide de ses deux alliés régionaux à qui il a proposé un plan de trêve scindé en deux parties : la mise en œuvre d'un cessez-le-feu pendant une semaine, à partir de demain, puis le lancement de négociations entre Palestiniens et Israéliens avec l'aide et la participation de plusieurs pays. Mais selon la radio israélienne, cette initiative stipule le maintien sur le sol, c'est-à-dire à Ghaza, de l'armée israélienne pour le « traitement » des tunnels de la résistance (l'objet principal de l'invasion) en contrepartie de quelques facilités accordées au Hamas et dont l'Egypte se chargera de la mise en œuvre. Chose que n'accepterait en aucune manière Hamas qui est en droit et en posture militaire pour placer très haut ses revendications. Son chef, Khaled Machaâl, a rejeté, mercredi, toute concession qui ne va pas dans le sens des exigences palestiniennes, en excluant catégoriquement de négocier le « désarmement » et « les tunnels » de ses troupes, si négociations il y aura. « Nous voulons un cessez-le-feu aussi vite que possible, mais en parallèle avec la levée du blocus sur Ghaza », dit-il dans un entretien à la BBC. En parallèle à la médiation américaine, l'ONU tente de pousser vers l'arrêt de la barbarie israélienne qui a tué, rien que pour la seule journée de jeudi, 98 personnes dont 15 qui avaient trouvé refuge dans une école. En 18 jours de conflit, près de 820 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils dont des dizaines d'enfants. « Je dis aux parties, aux Israéliens comme au Hamas et aux Palestiniens, qu'il est moralement condamnable de tuer son propre peuple. Maintenant, il est temps de s'asseoir autour d'une table au lieu de se tuer », a déclaré, jeudi soir, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. A Genève, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a décidé l'envoi d'une mission pour enquêter sur de possibles « crimes de guerre » commis par l'armée israélienne à Ghaza à l'issue d'une réunion d'urgence suite à un projet de résolution présenté par les Palestiniens et adopté par 29 voix pour, 1 contre (celle des Etats-Unis) et 17 abstentions, la plupart des pays européens. Des heurts violents avec les forces de sécurité israéliennes ont eu lieu, jeudi soir, près de Ramallah, à El-Qods-Est et dans plusieurs villes, telles Naplouse, Hébron, Bethléem ou Tulkarem. Plus de 10.000 manifestants avaient répondu à un appel à se rassembler « pour la liberté et la dignité » et à « prier pour les âmes des martyrs », avant d'être empêchés de se rendre à l'esplanade des Mosquées à Al-Qods. Bilan : un mort et 150 blessés par les balles des forces israéliennes. Loin de se décourager, l'ensemble des mouvements palestiniens ont manifesté, une nouvelle fois, hier, dans le cadre du « jour de colère » en Cisjordanie où la rue gronde.