460 morts. C'est le bilan funeste des accidents d'avion qui se sont produits en une petite semaine seulement. Une tragédie qui traumatise des familles, des pays et la communauté de l'aviation civile dans son ensemble. Si l'avion de la Malaysia Airlines qui s'était écrasé le 17 juillet dans l'est de l'Ukraine (298 morts) est à mettre au compte de la bêtise humaine puisqu'il a été abattu par un missile, le crash du McDonnell Douglas MD-83 dans la région de Gossi (Mali), dans la matinée de jeudi, et celui de l'avion de la compagnie taïwanaise TransAsia Airways, qui est tombé la veille sur une île au large de Taïwan après une tentative d'atterrissage par très mauvais temps, interpellent le transport aérien. Et repose la question de la sécurité dans les airs en altérant une réputation qui fait de l'avion le moyen de transport le plus sûr. En effet, si l'on s'en tient aux statistiques, voyager en avion est plus sûr que rouler en voiture ou prendre le bateau. En 2013, sur un total de 113.000 vols, il a été enregistré 265 morts à la suite d'accidents. Quotidiennement, quelques 7.000 appareils sillonnent le ciel pour déplacer d'un bout à l'autre du monde des millions de clients. Les éléments comparatifs avec le reste des moyens de transport créditent l'avion d'une sûreté vingt fois supérieure à la voiture et 7 fois plus par rapport au bateau. Les crashs dramatiques de cette semaine ne manqueront pas certes d'écorner cette image et de raviver l'appréhension des usagers du ciel mais ne remettront pas en question le choix de l'avion en tant que moyen de locomotion le plus rapide qui rapproche les distances les plus lointaines. Dans la plupart des cas, les perturbations météorologiques sont à l'origine d'une désorientation fatale qui conduit à l'irréparable. Un appareil qui s'écrase est une mort certaine pour ses passagers, à la décharge de la comparaison faite avec les accidents de la route. Il est encore précoce de connaître les causes de la désintégration de l'avion d'Air d'Algérie affrété auprès de la compagnie espagnole Swift-Air, qui a décimé les 118 passagers dont 6 Algériens, tant que la boîte noire retrouve dans la matinée d'hier n'a pas parlé mais la cause la plus probable du crash est les perturbations météorologiques. Le contact serait perdu avec le vol AH 5017 aussitôt après que l'équipage ait demandé à changer de cap pour contourner les turbulences causées par le mauvais temps. Cette hypothèse prend de l'épaisseur à mesure que les autres pistes, évoquées un temps, s'amenuisent. Les débris du MD83 par le fait même qu'ils soient concentrés sur un périmètre limité écartent de facto, de l'avis des experts en sécurité du transport aérien, la possibilité que l'appareil soit l'objet d'une explosion au vol. Ou encore qu'il ait été la cible d'un missile depuis le sol. Il reste la probabilité d'une panne technique ou d'une défaillance humaine ou les deux à la fois. 90% des accidents d'avion sont le fait d'erreurs de pilotage. Des décisions qui ne seraient pas prises au bon moment, au bon endroit devant des situations d'urgence inattendues. Mais la presse espagnole a qualifié de vétéran des pilotes celui qui était aux commandes du MD83. L'appareil, vieux de 18 ans mais entretenu —opération de maintenance réalisée il y a un mois — le pilote chevronné, que s'est-il donc passé à bord de ce vol AH 5017 dont aucun passager n'a survécu ? Les familles endeuillées attendront dans la douleur le secret de la boîte noire qui peut contenir les derniers échanges de la détresse dans le cockpit entre les membres de l'équipage, tous Espagnols. L'Association internationale du transport aérien a beau annoncer hier qu'elle allait « tout mettre en œuvre » pour améliorer la sécurité aérienne qui reste une priorité, il sera difficile de consoler les proches des victimes.