Après les années difficiles qui ont suivi la révolution du jasmin, les touristes algériens reviennent chez le voisin de l'Est. Les vacanciers semblent rassurés et décidés à passer quelques jours de vacances sur les plages de Hammamet et Sousse, comme ils ont l'habitude de le faire chaque été. Le retour de la sécurité et le fait que les rumeurs concernant les agressions de familles algériennes se sont avérées infondées sont autant de facteurs qui ont contribué à un renversement de la situation. En effet, si la fréquentation saisonnière des hôtels depuis 2010 est qualifiée de catastrophique par les Tunisiens, cet été verra le grand retour des Algériens, presque une certitude pour les professionnels du tourisme tunisiens ou algériens. Pour preuve, les déclarations de la directrice du l'Office national du tourisme tunisien (ONTT), Wahida Jaiet, en visite à Alger la semaine dernière, qui prévoit une augmentation de près de 15% des touristes algériens par rapport à 2013. Un avis partagé par Tahar, gérant d'une agence de voyages basée à Constantine : « Les Tunisiens sont des professionnels du tourisme, ils ont traversé une crise et maintenant ils font tout pour reconquérir le marché. Il y a trois ans, et en raison de rumeurs sur l'insécurité, j'ai failli annuler tous mes contrats avec mes partenaires tunisiens, mais ces derniers m'ont convaincu qu'il fallait que je temporise quelques mois, le temps que ça se calme. Aujourd'hui, il y a beaucoup de monde qui veut réserver pour Hammamet ou Sousse. C'est un fait, les Algériens sont de retour et les affaires repennent. » Le profil des clients algériens n'a pas changé, nous assure, quant à lui, Nadjib S., gérant de l'agence Azur Voyages. Et cette année, le fait notable, c'est le retour des familles. « Il y a deux ans, seuls les jeunes demandaient à partir en Tunisie. Ça commence petit à petit à redevenir comme avant, les familles retrouvent la Tunisie qu'ils ont connue avant : des prix intéressants, de beaux endroits à découvrir, des hôtels propres avec toutes les commodités. Bref, des vacances tranquilles et pas chères. Outre sa proximité, l'autre avantage de la Tunisie, c'est l'absence de visa et le fait de pouvoir s'y rendre par route. Et concernant les prix, certains hôtels classés sont nettement plus chers que ceux qu'on trouve dans certaines villes espagnoles. Cette année, il y a eu une flambée des prix parce que tout le monde (les Tunisiens et les opérateurs algériens) est certain que le mois d'août sera exceptionnel et qu'il y aura un rush », nous confie-t-il. Et justement, en matière de prix, on a noté une certaine augmentation par rapport aux saisons précédentes, et la raison invoquée par les gérants des agences de tourisme est la même : « Il y a une forte demande. » Pour une semaine dans un hôtel classé à Hammamet (quatre étoiles), il faut compter pas moins de 100.000 DA pour deux personnes en plein mois d'août. C'est la moyenne affichée par les agences, même si certains hôtels proposent des séjours à moins de 40.000 DA. Il ne reste que quelques semaines aux tours opérateurs algériens pour réunir le maximum de monde, la concurrence fait rage et tous les coups sont permis, au point que certains établissements n'ont pas hésité à acheter l'exclusivité des places dans certains hôtels, ceux les plus recherchés par les clients algériens. « Nous avons signé des marchés avec des hôtels à Sousse et Hammamet pour avoir ce privilège que nous avons longuement préparé avant le mois de Ramadhan parce que nous savions que les clients restent fidèles à la Tunisie. Aujourd'hui, ça se confirme avec l'afflux des clients qui veulent passer une semaine ou plus dans ce pays », nous dira Nazim B., qui travaille dans une autre agence du centre-ville de Constantine. Son agence a déjà écoulé près de 50% des réservations, un record qu'il nous explique par le fait qu'« il y a deux ou trois ans, il y a eu un rush sur des destinations comme la Turquie et le Maroc. Mais ça reste très cher, rien que le billet d'avion coûte une fortune. Alors que les Algériens payaient ordinairement environ 50.000 DA pour une semaine en Tunisie, ils payent le triple, voire plus pour la Turquie. Les Algériens connaissent très bien ce pays et ne se sentent pas dépaysés. »