A Berriane, de violentes échauffourées ont éclaté, lundi soir, au quartier Baba Saâd. Les attaques à l'aide de cocktails Molotov, de pierres et de différents objets se sont poursuivies toute la nuit de lundi et la journée de mardi. Plusieurs incendies se sont déclenchés, touchant des maisons et des infrastructures publiques. Les jeunes ont, en outre, fermé la RN1 à la circulation routière. « Nous avons passé une journée de l'Aïd formidable. Tout s'est très bien passé et aucun signe de retour de la violence n'était visible. Nous sommes surpris et choqués par l'ampleur de cette attaque imprévisible qui a fait des dégâts colossaux. C'est vraiment regrettable », nous dira un habitant de Berriane. Le premier bilan, encore provisoire, fait état de plusieurs blessés légers. On déplore aussi le déclenchement de plusieurs incendies touchant des logements, des locaux commerciaux et deux établissements scolaires en plus du caillassage des véhicules. Hier, plusieurs familles ont été contraintes de quitter leurs habitations complètement saccagées. La situation s'est détériorée avec la fermeture de la RN1, ce qui a empêché les éléments de la Protection civile d'accéder à la ville pour éteindre les feux à l'origine d'importants dégâts, apprend-on de sources locales. Les services de l'ordre ont dû utiliser les gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Les affrontements ont débuté avec le mouvement des visites familiales observé dans la journée dans les différents quartiers. « Cela a commencé lorsqu'une jeune femme a été la cible d'un jet de pierre alors qu'elle se dirigeait vers la polyclinique. Cet incident a été suivi par l'intervention de l'un de ses proches. Un attroupement s'est vite constitué. Le pare-brise d'un véhicule stationné à côté a volé en éclats, et c'est alors que les hostilités ont commencé », a-t-on précisé, rappelant que « plusieurs tentatives ont été entreprises durant le mois de Ramadhan pour rallumer le feu de la haine dans la ville ». Le centre-ville de Ghardaïa a connu, lundi dernier, des incidents légers pendant la prière de l'Aïd et lors de la visite des cimetières. Plusieurs véhicules ont été caillassés devant la mosquée de Baba Sâad. « Les Chaâmbis ont été empêchés d'aller accomplir la prière de l'Aïd dans la vieille mosquée d'El Hofra, ce qui a soulevé une vive tension, mais la situation a été vite maîtrisée. Et c'est ainsi que les Mozabites ont été empêchés de se rendre dans les cimetières. » Là aussi, les services de l'ordre sont intervenus, évitant ainsi le pire. Ce regain de tension et de violence est observé après le début de la mise en application des dernières mesures annoncées par le gouvernement pour rétablir la sécurité et l'ordre dans cette wilaya, théâtre de violents affrontements depuis huit mois. Outre le renforcement de la sécurité, le gouvernement a envoyé une délégation du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, laquelle a entamé des discussions avec toutes les parties pour tenter de prendre en charge toutes les doléances exprimées. La délégation a, ensuite, demandé la formulation de propositions susceptibles de permettre à cette région de dépasser la crise. L'Etat a également décidé l'installation de caméras de surveillance dans toute la ville. S'exprimant sur l'évolution de la situation à Ghardaïa, lors de sa visite samedi dernier à Constantine le Premier ministre Abdelmalek Sellal a déclaré que « le plus gros problème qui reste à résoudre dans la région est comment bannir le sentiment de haine et d'animosité qui s'est cristallisé chez les habitants de cette ville ». Il a rappelé que la réalisation des projets de développement local décidés en faveur de cette wilaya « connaît un retard considérable » en raison des affrontements et que l'Etat n'épargnera aucun effort « pour rétablir la sécurité et l'ordre », car « le peuple algérien reste uni et indivisible ».