La ville de Berriane est, une nouvelle fois, le théâtre d'émeutes. Toutes les raisons sont valables pour attiser le feu des tensions dans cette région. Après les douloureux évènements qui ont endeuillé la ville de Berriane entre le 19 et le 24 mars, et qui avaient, rappelons-le, fait 1 mort et 17 blessés en sus des dégâts considérables chiffrés en milliards de dinars, le spectre de la violence a resurgi tôt dans la matinée d'hier. En effet, les hostilités et affrontements sanglants ont repris à Berriane, pour ne pas dire qu'ils ne sont jamais cessé, tant les escarmouches et les accrochages entre les deux communautés sont quasi quotidiennes. Encore une fois, malheureusement, il y a mort d'homme. En effet, un policier, résidant en famille au quartier El-Madagh, se sentant en danger après la tentative d'agression par intrusion en son domicile de plusieurs individus, dont, semble-t-il, quelques-uns étaient encagoulés, a fait usage de son arme à feu, blessant mortellement le citoyen Saïfia Merouane qui a rendu l'âme à l'hôpital. “Le policier auteur du tir a été arrêté et une enquête a été diligentée”, selon les termes du communiqué de la wilaya de Ghardaïa, dans lequel “le wali et les autorités locales présentent leurs condoléances les plus attristées à toute la famille du défunt et à la population de Berriane, en cette pénible et douloureuse circonstance”. En fait, cet incident, qui s'est produit jeudi, n'est qu'un énième épisode des tensions qui existent entre les deux communautés coexistantes dans les quartiers Lemdagh et Baba Saâd. C'est tous les jours que les hostilités entre les deux communautés donnent lieu à des affrontements. Selon les premières informations recueillies, ces incidents ont comme origine déclencheur des jets de pierre sur les véhicules et sur les bus de transport scolaire, dont deux ont vu leurs pare-brise voler en éclats, provoquant des blessures à plusieurs voyageurs et aux chauffeurs. D'agressions en représailles, les incidents prenaient une dimension gravissime qui semblerait ne pas avoir été considérée à sa juste mesure. Et l'irréparable arrive : des dizaines de domiciles pillés, saccagés et quelques-uns incendiés, des commerces éventrés et complètement vidés de leurs marchandises donnent à la ville cette désagréable sensation de deuil annoncé. Arpentant les ruelles où les accrochages ont été les plus virulents, nous avons constaté de visu les “résultats” : les carcasses de deux bus incendiés fumant encore et au moins sept véhicules complètement calcinés, dont un trônant comme un trophée en plein milieu de la RN1, à quelques mètres du siège de la daïra de Berriane, protégée, à l'instar du tribunal local, par un impressionnant cordon de sécurité. Au moment où nous mettons sous presse, quelques points de friction nous sont signalés du côté de Kef Hamouda et de Baba Sâad, sans pour autant que nous puissions avoir confirmation de la part des services de sécurité, qui gardent aussi un black-out total sur les éventuelles arrestations. KACHEMAD