Dans la vieille Casbah, au lendemain du séisme, la panique a cédé la place à la colère. L'état de dégradation de la cité n'a fait qu'accentuer l'exaspération de certains habitants. Pour le directeur de l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC), Abdelwahab Zekagh, « les plus gros dégâts ont été enregistrés dans la Haute-Casbah, surtout les rues Rabah-Ryah et Mustapha-Djouab ». Au 26, rue Hamad-Ben-Mohamed, la colère est montée d'un cran chez la famille Nahnah. La fenêtre de la chambre où s'entassent les membres de cette famille s'est totalement détachée. Sous la force du séisme ayant frappé vendredi dernier Alger et ses environs, l'escalier menant vers la terrasse s'est complètement effrité. Pour la maîtresse de maison, « un réel danger pèse sur les membres de la famille ». Constituée de huit membres, la famille Nahnah partage cette habitation, un bien habous, avec deux autres belles-filles et trois locataires. En 2012, une opération de relogement avait déjà permis aux beaux-parents de bénéficier d'un appartement à Sebbala. Toutefois, les trois belles-filles n'ont pu être relogées séparément. Elles ont préféré rester sur place et attendre un autre quota de logements. Mais après le séisme de vendredi, la peur a pris le dessus. Elles craignent de rejoindre leur maison et leur seul désir est de se mettre à l'abri avec leurs enfants. Un relogement dans les plus brefs délais est l'unique voie de salut pour elles. Exaspération et agacement sont également exprimés par les 18 familles habitant au 7, rue des Frères-Slimani. Classée rouge en 1989 et soutenue par des poutres, cette maison, un bien de l'OPGI, a été déjà fragilisée par les précédents séismes. Avec le temps, ses murs se sont lézardés davantage. Des membres de ces familles ont exprimé leur peur de « continuer à vivre dans cette bâtisse en ruine ». « L'ensemble des immeubles qui nous entourent ont été vidés de leurs occupants, qui ont été relogés, alors que nous, locataireschez un organisme public, nous continuons à vivre la peur au ventre », confie l'un d'entre eux. Pour exprimer leur colère, près d'une centaine d'habitants de La Casbah se sont massés dans la journée de vendredi devant le siège de l'APC. Hier, quelques résidents de la médina ont été reçus par le P/APC, qui leur a signifié que « la solution à leur problème dépend du wali ». L'espoir d'un éventuel relogement reste de mise d'autant plus que l'Etat vient de lancer une opération de grande envergure pour mettre un terme et d'une manière définitive à l'habitat précaire.