L'opération de recensement des sinistrés au lendemain du séisme d'Alger dont l'épicentre a été localisé à Bologhine, alimente, d'ores et déjà, la polémique entre les vrais et faux sinistrés. À peine 24 heures après le séisme, qui a fait 6 morts, et plus de 400 blessés, et des dizaines de familles sans abri, voilà que les promesses données quant au relogement des sinistrés, commencent à devenir une réalité. En effet, c'est hier qu'a commencé, le relogement de la première vague. Or rappelons-le, l'opération était prévue pour le 15 août. Ainsi, il faut dire que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Certes la perte des vies n'est pas facile à supporter, mis il est clair que le bonheur de ces familles relogées n'a pas de prix. Surtout que leur souffrance a duré des lustres. La reconstruction des infrastructures détruites et la prise en charge des sinistrés sont d'autres objectifs déclarés par le gouvernement, sans qu'aucune échéance ne soit fixée pour effacer complètement les effets de cette catastrophe naturelle. Néanmoins, le conseil semble pressé de redonner "au plus vite" à la vie son cours normal. Le bilan de la catastrophe n'est, quant à lui, toujours pas établi mais dans l'intervalle, le gouvernement compte orienter les aides nationales et internationales vers les secteurs les plus prioritaires, reconnaissant de fait les insuffisances enregistrées dans le domaine.
Trois immeubles menacent de s'effondrer Trois immeubles menaçant de s'effondrer ont été enregistrés par les services techniques spécialisés qui ont mené une expertise sur 12 immeubles touchés par le séisme. Selon un communiqué de la cellule de crise installée au niveau du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, les services techniques spécialisés dans le contrôle des bâtiments ont enregistré "trois immeubles qui menacent de s'effondrer abritant 61 familles". Des moyens matériels et financiers ont été mobilisés pour le relogement des familles sinistrées, a indiqué la même source. Cette démarche intervient en application aux instructions du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Tayeb Belaiz, concernant le "relogement immédiat des familles touchées par le séisme". Une cellule de crise a été installée au siège du ministère l'Intérieur et des collectivités locales, immédiatement après la forte secousse tellurique qui a secoué vendredi matin la wilaya d'Alger, rappelle-t-on.
Plusieurs effondrements partiels enregistrés à la Casbah d'Alger Plusieurs maisons et édifices publics de la Casbah d'Alger ont subi des dégâts, suite au séisme. Les dégâts ont cependant occasionné quelques blessures aux habitants de maisonnettes endommagées, évacués par la Protection civile, selon les agents de la Sûreté nationale. La plus grande partie de ces maisonnettes étaient déjà "classées dangereuses", et leurs occupants "inscrits au programme pour le relogement", a indiqué à l'APS la Police urbaine du patrimoine installée dans la basse Casbah. Quelques quartiers de la haute Casbah comme la rue Rabah Ryah restent "extrêmement fragilisés, des façades de maisons et des poutres d'étaiement menaçant de s'effondrer" à tout moment. Selon la police urbaine du patrimoine, il est "difficile pour l'heure" d'estimer le nombre de bâtisses touchées par ce dernier séisme, en raison de l'état de "vétusté généralisée" de la cité. Joint par téléphone, le directeur de l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (Ogebc), Abdelwahab Zekagh, a indiqué pour sa part que les plus gros dégâts ont été constatés dans la haute Casbah (rue Rabah Ryah et rue Mustapha Djouab). Des dizaines de citoyens se sont présentés au siège de la police urbaine du patrimoine pour déclarer leurs sinistres: effondrement de plafond, d'escaliers, de poutres ou des fissures sur les murs, a-t-on encore constaté. Par ailleurs, un grand nombre d'habitants de la Casbah se sont rassemblés tôt le matin devant le siège de l'APC de la Casbah, fermée en ce jour de congé hebdomadaire, pour présenter les mêmes doléances.
Les Algériens n'ont pas confiance en leur bâtisse L'intensité de la catastrophe multiplie les critiques. La peur pèse toujours, et les gens ont dans leur esprit la crainte de voir leur bâtisse s'effondrer sur leur tète. A voir la réaction des citoyens à une simple secousse tellurique qui aurait à peine donné le sourire à un Japonais, on peut dire que les séquelles psychologiques sont loin d'être guéries. Il y a encore un long travail de sensibilisation à faire dans ce sens. Cette situation renseigne au moins sur une chose: les Algériens n'ont pas confiance en leur bâtisse et ils ont raison. On a vu des bâtiments s'effondrer comme des châteaux de sable lors du séisme de Boumerdès engendrant quelque 3000 morts et des milliers de blessés. C'est à ce prix douloureux que l'Algérie fait son apprentissage de prévention des catastrophes naturelles. Ne dit-on pas qu'à quelque chose malheur est bon? Les catastrophes peuvent être à l´origine des grandes orientations à mettre en œuvre pour sauver des vies humaines. Durant la période qui s´étale entre 2001 à 2013, des milliers de personnes ont trouvé la mort suite à des catastrophes naturelles et industrielles. Il a fallu que le violent tremblement de terre secoue Boumerdès, pour qu'on comprenne l'importance des constructions parasismiques. Et c'est loin d'être acquis pour les Algériens qui résident dans des constructions datant du colonialisme. Ceci est donc une autre douloureuse occasion d´apprentissage. Les pouvoirs publics ont-ils tiré des leçons? Seule l'ampleur des dégâts après ce violent séisme nous répond ! Et la réponse est hélas non. En dépit d'une volonté politique pour mener une véritable campagne de réhabilitation du vieux bâti pour laquelle l'Etat a déboursé des sommes colossales, l'opération a enregistré un retard manifeste et n'a démarré qu'il y a seulement quelques semaines. Un retard dont on voit les conséquences après ce séisme.