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Une plage qui renaît
Un après-midi aux Salines (près de Dellys)
Publié dans Horizons le 09 - 08 - 2014

La réputation surfaite de Tigzirt a fait oublier qu'un plus à l'ouest, en allant vers Dellys et Alger distante d'une centaine de kilomètres, on trouve aussi quelques plages ignorées et méconnues. Le site dit « Les Salines » qui tire son nom d'une ancienne fabrique de sel dont même les ruines ont disparu après l'indépendance, attire désormais un peu plus d'estivants. C'est la plage la plus à l'est de la wilaya de Boumerdés. Il y a une quinzaine d'années, elle était livrée à l'abandon. La région était un épicentre de l'activité terroriste. Si la route du littoral connait depuis sa réouverture en mars 2001 un trafic normal de jour et de nuit, les barrages de l'armée, les postes avancés qui dominent les crêtes rappellent ces temps de souffrance, un mot qui revient chez de nombreux habitants. Aux Salines, à deux pas du rivage, un immeuble à trois ou quatre étages qui devait être un complexe touristique est resté à l'état de carcasse. C'est une unité de l'ANP qui a pris possession des lieux. Dans la brume qui obscurcit l'horizon, le phare du vieux port de Dellys apparaît nettement. On est à quatre kilomètres de cette ville qui ne possède aucun hôtel ou hammam. L'inauguration récente du motel « le littoral à deux pas de la plage des Salines comptant selon son gérant, 24 chambres ( louée chacune entre 3000 et 5000 DA/ jour , avec seulement le petit déjeuner ) a pris les allures d'une révolution. « On est complet ! J'ai des gens qui séjournent pour se baigner dans la plage des Salines mais aussi d'autres qui en voiture se rendent à Tigzirt à une vingtaine de kilomètres d'ici, et passent même à Azzefoun pour rentrer le soir » nous confie Mr Ouchaou.
Jeudi en début d'après-midi, on ne se marche pas sur les pieds dans le sable. « Mais attention, vendredi et samedi, il y a beaucoup plus de monde, il faut arriver un plus tôt » nous recommande un jeune qui loue des parasols à 200 DA , l'unité, des tables et des chaises. Point de harcèlement ici. Ils sont sollicités seulement par celui qui a besoin d'un attirail de plage. Nul n'est à l'affût des automobilistes, s'érigeant en gardiens de parking ou délimitant des espaces où ils se sentent maîtres des lieux, après Dieu. Sur une vaste esplanade surplombant la mer, les voitures stationnent en toute sécurité et gratuitement. La plupart de ces jeunes habitent au lieu-dit Ouadoubay, un village agricole, un kilomètre plus haut, juste de l'autre coté de la Route nationale. Plus âgé, Amar qui fut longtemps vendeur de poissons au port de Dellys se souvient d'un temps où toutes les collines des alentours étaient le domaine du blé, des lentilles et des pois-chiches. « Maintenant, c'est le vignoble qui est roi. Il n'y a pas d'unités économiques dans les environs, mais quand on vend sur pied une récolte à 200 ou 300 millions, on est tranquille pour le reste de l'année ». Il se dit et se raconte que ces fourmis sont parmi les meilleurs clients des bars et cabarets. L'homme se souvient d'un temps où assure t-il « les coopérants venaient de Tizi, et des instituts de Boumerdès. Une partie était même surnommée la plage russe ». Sur un ton empreint de nostalgie, il évoque aussi « les vagues qui charriaient des poissons qui jusqu'au début des années 80 on pouvait même récupérer des raies avec un roseau ». À l'en croire « les pêcheurs ne reviennent plus avec la même quantité. Les chalutiers vont ressortir en septembre après quatre mois de repos mais après les deux premiers mois, il vont pour faire de bonnes prises s'éloigner et aller en haute mer ». Le responsable du club de plongée sous -marine d'Afir qui a élu domicile dans un petit local où est emmagasiné le matériel a une autre explication : « Le poisson vivait ici car l'endroit n'était pas totalement sablonneux. Il faut chercher le poisson dans les criques ». Amar a cessé de pêcher et ne nage plus. Il est juste venu avec ses deux filles. Beaucoup sont en famille, qui accompagnant des enfants, ou viennent déjeuner et prendre le café. On trouve beaucoup de femmes dont celles qui rentrent en hidjab dans l'eau . Plus personne ne s'étonne, hormis Lounés qui s'est exilé à Montréal depuis une quinzaine d'années . Il fut maître nageur et « j'ai sauvé d'une mort certaine une femme avec une tenue pareille qui est un danger pour elle » se souvient- il. Il se lancera dans une description des tenues de plage et de piscine soumises à des règles et dans une évocation des droits de l'Homme, surtout des femmes au pays de l'érable. Pourquoi ne s'est -il pas fait accompagner d'une sœur ou même d'une mère ? Un jeune chômeur parait plus logique en reconnaissant que « les femmes et filles de la région ne se baignent pas et quand on trouve un couple disons moderne, il s'en va ailleurs ». On trouve aussi celles qui arborent des tenues de plages plus décentes que les bikinis et moins extravagantes que les tenues « islamiques ». Celles-ci ne sont pas l'apanage des femmes car des hommes se baignent aussi en tricot de peau mais personne ne semble désormais faire cas de l'autre. Il n'y a plus de moralisateurs, encore moins de gens qui sermonnent ou menacent les autres comme cela était courant dans les années 90.
La plage des Salines se partage entre deux communes. Séparée par un oued heureusement pas pollué, la partie ouest relève de Dellys et l'autre de la commune d'Afir. L'une et l'autre ne semblent pas préoccupées de valoriser de tels endroits qui dans une autre vie résonnaient de cris d'enfants des colonies de vacances . Ne restent que quelques dalles qui témoignent de cette époque où les enfants des travailleurs de Sonelgaz, Sonatiba et de la DNC passaient d'agréables et inoubliables séjours dans cette région coincée entre mer et forêt. On a certes réalisé quelques accès sous forme d'escaliers et revêtu de bitume les routes. Les lieux sont toutefois jonchés de détritus, négligence due aussi à l'incivisme des estivants. Dans les gargotes, le respect de l'hygiène ne doit pas être au vu des lieux, une priorité pour les gérants. Ils n'affichent même pas les menus et les prix. Beaucoup d'estivants préfèrent d'ailleurs ramener la nourriture de chez eux boudant ces terrasses qui auraient pu constituer de beaux endroits pour déjeuner en famille, en couples ou entre amis. « Dans les villages des Aït- Selgam comme Tiaachache, Tizaghouine , Zaouia , Ifri Tamarth ou Oumadhi on souffre du manque d'eau mais on doit trouver tout de même des sanitaires à la plage » se désole un jeune étudiant venu avec ses copains passer un après- midi à la plage. Il veut bien s'inscrire au club de plongée sous -marine mais à « 12 000 DA pour dix plongées, c'est un peu cher » dit il. La petite équipe ambitieuse ramène parfois des objets de bateaux qui ont coulé lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils sont exposés dans un petit espace où devraient prendre place tous les déchets qui polluent les fonds marins. Un émigré qui n'a pas remis les pieds sur cette plage depuis plus de trente ans pense aux enfants à qui selon lui « on devrait songer ,mais bon reconnaît t-il après tout ce qui s'est passé ici, on peut attendre un peu ». Sur le chemin du retour, on songe à cette époque, vers 1989 où des moralistes avaient empêché de jeunes colons de circuler en tenue d'été dans les ruelles de Dellys. L'affaire du short avait eu alors un écho médiatique. Elle annonçait des temps durs que beaucoup de gens ici croient désormais définitivement révolus.


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