Depuis quelques semaines la bibliothèque du Musée des arts traditionnels a trouvé refuge au Bastion 23. Un site qui lui va à merveille autant d'ailleurs que le Palais où elle officie pour la mémoire et la culture. Ce département d'environ 2000 livres est géré par Amina Idiri, une jeune femme qui a trouvé son épanouissement intellectuel dans sa fonction de bibliothécaire archiviste auprès du Musée des arts traditionnels. Après des études dans la filière qui lui permettra d'en faire son activité, Amina évolue désormais dans un univers à cheval entre le passé et l'avenir à travers un fonds livresque, dans les deux langues, arabe et français, traitant l'ethnographie, l'archéologie, l'histoire, les religions et autres spécialités propres à la mémoire. Au Bastion, en cette journée pluvieuse, la résidence 13 est bercée par le murmure de mer, juste à portée du regard. La jeune femme nous accueille avec un grand sourire et beaucoup de chaleur naturelle. Comme d'ailleurs toutes ces dames du Musée que nous avons côtoyées. Outre le travail quotidien inhérent à la protection de ce patrimoine intellectuel, à savoir dépoussiérer consciencieusement les ouvrages et autres écrits, Amina répertorie ceux d'entre ces livres abîmés ou partiellement détériorés pour ensuite les diriger vers l'atelier de reliure. Elle a entre autres charges de visiter les librairies d'Alger afin d'acquérir de nouveaux ouvrages et pour en doter le fonds actuel. Sa formation récente dans le cadre du conditionnement des livres lui a permis d'acquérir des enseignements sur la manière la plus adéquate de traiter les ouvrages de la bibliothèque dont elle a la charge. Elle parle avec ferveur «des trésors que sont les livres anciens et rares à l'exemple de ceux laissés legs par Georges Marçais et Lucien Golvin. Des livres uniques». Elle énumère les titres d'autres manuels liés à la culture algérienne, ne tarit pas sur cet espace intellectuel à protéger, préserver «pour les générations montantes». Recevoir, orienter, guider dans leurs recherches les universitaires et autres chercheurs, veiller à recommander les lycéens dont le jour de réception est le mardi après-midi, être de bon conseil à toute personne venue consulter les livres, voilà un des rôles que doit assumer Amina en attendant celui de l'inventaire annuel qui se fera dans quelques semaines. Elle explique, va chercher sur les rayonnages l'exemplaire, regrette certains actes «vandales» commis par certaines personnes venues consulter qui «au lieu de prendre les notes arrachent des pages et amputent l'ouvrage…». A cet effet, Amina annonce une bonne nouvelle «La numérisation du fonds livresque du Musée. Une méthode intéressante et avantageuse du fait que la consultation se fera sur micro…». On parle «de l'opération de restauration, en cours, une centaine de livres pour l'année 2010, des échanges avec d'autres pays, du nouveau procédé de rayonnage et du partage avec les visiteurs». C'est sur cette notion d'échange positif que nous quittons le Bastion 23 accompagnés par le bruit du retour des vagues sur le rivage.