Les Guinéens ne se rendront pas aux urnes aujourd'hui. Sur fond de tensions et de suspicions entre les deux candidats à la présidence de la République, le 2e tour est reporté pour la deuxième fois. Siaka Toumani Sangaré, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) explique ce report par l'ampleur des «contraintes» dont les dysfonctionnements de l'institution qu'il dirige et son devoir de «faire un état des lieux» et de «garantir la transparence du scrutin». Le Malien veut fixer une date «raisonnable et réalisable» à l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo et l'opposant historique Alpha Condé, les deux candidats qui ont obtenu respectivement 43, 69 et 18, 25 % des voix au premier tour du 27 juin. Les deux candidats qui disent privilégier la sincérité du scrutin et l'unité du pays, demandent à l'expert électoral de la Francophonie de leur fixer le plus vite possible la date du second tour. Comme beaucoup de Guinéens ils ont peur d'aller de report en report et de voir ceux qui manœuvrent pour prolonger la transition mettre à profit l'ouverture de cette période de flottement pour s'imposer. En attendant, Diallo accuse son adversaire de «préparer un hold-up électoral» avec des «listes électorales et cartes d'électeurs parallèles», l'ancien Premier ministre François Lonsény Fall, au nom de Condé met «toutes les scènes de violence au compte du camp de Diallo, Louncény Camara, le vice-président de la Ceni reste condamné à «un an de prison ferme et deux millions de francs guinéens d'amende (250 euros)» pour vol de 109 procès verbaux lors du premier tour de la présidentielle, le président de la transition, le général Sékou Ba Konaté, menace de claquer la porte avant le second tour et les Guinéens qui attendaient le premier scrutin libre du pays laissent entendre qu'ils ne sont pas prêts à supporter un report supplémentaire. «Le moindre problème de déroulement du vote peut servir de détonateur pour une explosion», estiment des analystes convaincus que la «sérénité» ramenée par le Malien sera de courte durée. Surtout si les Ivoiriens vont, eux aussi, vers un énième report du scrutin présidentiel, dont le premier tour est programmé le 31 octobre?