“Je dois souligner que la date du 24 octobre sera difficile à tenir”, a déclaré le nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le général malien, Siaka Toumany Sangaré, après s'être entretenu avec les acteurs politiques concernés par le second tour du scrutin présidentiel guinéen qui devait se tenir demain, après deux reports consécutifs. “Je ne voudrais pas me précipiter et envoyer les électeurs aux urnes dans des conditions déplorables qui ne respectent pas les normes internationales, ce qui entraînerait ensuite la contestation des résultats”, a-t-il expliqué. Sans avoir textuellement parlé de report, ses propos le suggéraient fortement et, dans tous les cas, il a affirmé qu'il réévaluerait la situation avant de prendre la bonne décision, en accord avec les protagonistes du scrutin. Le général malien a été nommé à la tête de la commission électorale depuis trois jours par le président de transition guinéen, le général Sékouba Konaté. Pour sortir de l'impasse politique qui menaçait le second tour de la présidentielle et la transition démocratique en Guinée par la même occasion, le général Konaté a opté pour une solution inédite en nommant un étranger à la tête de la commission électorale. La nomination du général malien, expert de l'organisation de la francophonie détaché auprès de la Ceni, a été annoncée, mardi, et scelle l'impossibilité de trouver une personnalité consensuelle parmi le personnel guinéen. Le premier président de la Ceni, qui a conduit les opérations en juin, lors du premier tour du scrutin, a été traduit devant la justice et condamné à la la prison ferme alors qu'il se soignait à Paris, avant de succomber à sa maladie. Après d'incroyables péripéties et des palabres à n'en plus finir, un autre membre de la Ceni a été désigné pour le remplacer. Immédiatement après sa nomination, il fut contesté par le camp du candidat arrivé en tête du premier tour avec 44% des suffrages, l'ancien Premier ministre Celou Dallein Diallo. Accusé d'avoir subtilisé les bulletins de nombreux bureaux de vote, ce qui aurait empêché l'ancien Premier ministre d'être élu dès le premier tour selon ses partisans, une plainte a été déposé contre lui et il aura à s'expliquer devant la justice. Les contestations dirigées contre l'éphémère président de la Ceni se sont accompagnées de violences qui montaient en cadence ces derniers jours, à mesure que l'on s'approchait de la date du 24 octobre. De plus, les affrontements entre partisans des deux candidats et entre ces derniers et les forces de l'ordre commençaient à prendre une coloration ethnique et tribale dangereuse pour la stabilité du pays. C'est ce qui a poussé le président de transition à trancher dans le vif en nommant un étranger à la tête de la commission, dans l'espoir de mettre fin à un imbroglio qui pouvait avoir des conséquences imprévisibles. Au vu des déclarations du président malien de la Ceni, le report du second tour, encore une fois, est inévitable tant les retards accumulés dans l'organisation sont importants et les difficultés techniques nombreuses. Néanmoins, selon des observateurs avisés, le report pourrait n'être que d'une semaine et la date du 31 octobre est citée avec insistance. Il convient de rappeler que cette élection présidentielle devait sceller le retour à un régime civil, après le putsch militaire de 2008 qui a porté le général Konaté à la présidence de transition.