A deux jours du second tour de la présidentielle, la Guinée attend toujours de savoir si le scrutin tant attendu sera maintenu ou reporté, à l'issue d'une série de rencontres menées par le nouveau président de la Commission électorale à ce sujet. «Les consultations continuent, avec les candidats Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé», a annoncé le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le général malien Siaka Toumani Sangaré. Le président de la Céni entend recueillir tous les avis avant de se prononcer sur un nouveau report du scrutin, quatre mois après le premier tour. Le second tour avait été initialement prévu le 19 septembre avant d'être reporté à dimanche. Le général Sangaré avait déjà rencontré jeudi les principaux acteurs du processus électoral. Selon lui, «le comité de suivi et d'évaluation des actes préparatoires du second tour a conclu que la date du 24 octobre serait difficile à tenir». En fin de matinée, l'officier malien devait se rendre au quartier général de campagne du candidat Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre sous le régime du défunt général Lansana Conté, qui se présente pour la première fois à la présidentielle et a recueilli 43% des voix au premier tour, le 27 juin. Le général Sangaré souhaitait ensuite s'entretenir avec l'autre candidat, Alpha Condé, opposant historique à tous les régimes depuis l'indépendance de l'ex-colonie française en 1958, qui a rassemblé 18% des suffrages au 1er tour. Pour sa part, la syndicaliste guinéenne Rabiatou Serah Diallo, présidente du Conseil national de la transition (CNT, faisant office de Parlement) a semblé favorable au report. «Est-ce que la date du 24 octobre, on peut la tenir ?», s'est-elle interrogée devant la presse, après avoir fait part de son «inquiétude» au général Sangaré. «Les élections du deuxième tour, c'est capital pour notre pays et pour l'Afrique. Il faut qu'on réussisse, que l'on fasse des élections transparentes, démocratiques, qui ne vont pas être contestées car nous ne voulons pas qu'il y ait encore des violences dans le pays», a-t-elle insisté. Au nom du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSG), Aziz Diop, abonde dans le même sens : «Ces élections sont extrêmement importantes pour que la Guinée rejoigne le concert des nations et amorce un développement harmonieux» après 25 ans de régime militaire et de marasme, a-t-il affirmé. «Mais on trouverait tout à fait normal de reporter d'une ou deux semaines le scrutin, pour des raisons techniques, car une semaine dans la vie d'une nation, ça ne compte pas beaucoup si de bons préparatifs peuvent garantir la paix», a-t-il dit. Selon lui, «les procès-verbaux de centralisation des résultats ne sont arrivés de Paris que le 16 et pour pouvoir les distribuer dans les bureaux de vote d'un pays tel que la Guinée, cela prend pratiquement cinq jours». «Certains n'ont toujours pas reçu leur carte d'électeur», a-t-il ajouté. R. I.