« Je suis heureux de prendre part à ce mouvement de solidarité. La participation de l'orchestre vise à exprimer le mal qu'on ressent quand on voit tous le génocide à Ghaza. Elle vise aussi à faire passer un message à travers notre musique car, pour reprendre Beethoven, « la musique donne une âme à nos cœurs » a-t-il affirmé. 150 artistes montèrent sur scène, notamment les chorales de Aziz Hamouli et Alhan Wa Chabab. Une troupe de Palestine a rejoint celles-ci pour exprimer la solidarité avec Ghaza. « J'espère vraiment que ce festival sera l'un des piliers de la victoire de Ghaza et je remercie de tout cœur l'Onci qui nous a offert cette chance pour satisfaire le public, l'une de nos priorités », a affirmé le directeur de l'Orchestre symphonique national. « Ce soir on va respecter la Palestine encore plus que d'habitude, la musique n'est pas la baguette magique pour les affaires politiques, mais il n'y a que l'artiste qui peut sensibiliser toutes les populations et réunir plusieurs pays » dira, pour sa part, Amir Kouider. « Je remercie l'Algérie. C'est mon deuxième pays, je l'ai toujours aimée. Le soutien des Algériens nous permet de respirer à nouveau. La Palestine souffre et chanter lui redonne un peu d'espoir, fera passer beaucoup de messages aux autres pays arabes, c'est une sorte d'arme pour moi qui me permettra de défendre mon pays, j'ai hâte d'interpréter « Mawtini », le poème écrit par le Palestinien Ibrahim Touqan » nous a confié le jeune chanteur palestinien, Mourad El Souiti. Avant la séance d'ouverture, dans un climat frais et sous une légère brise, une grande foule patientait devant l'entrée. Des chansons patriotiques sur Ghaza s'entendaient depuis l'extérieur. Les familles et les jeunes étaient à l'écoute. Les couleurs des deux drapeaux, algérien et palestinien, étaient projetées sur les écrans d'une scène lumineuse et bellement décorée, un poème de Mahmoud Derouich « Ana Mouwatin » fut entendu par le public. La ministre de la Culture, Mme Labidi, accompagnée de l'artiste syrien Mustapha El Khani, de la SG du Parti des travailleur, Louiza Hanoun, de l'ambassadeur de la Palestine, Louay Aissa, de la ministre de la Solidarité nationale de la Famille et de la Condition de la femme et du représentent du président Abdelaziz Bouteflika, Ali Boughazi, arriva. Une minute de silence en hommage à tous les martyrs tués par l'armée israélienne, suivie de discours poignants, fut aussitôt observée. Indignation et colère partagées « Il est très important que l'artiste soutienne Ghaza. Nous avons beaucoup fait, mais ça reste insuffisant. A travers ce festival, on va prouver qu'il n'y a aucune différence entre l'art et le combat. Les Palestiniens ont toujours été courageux, surtout les journalistes qui tentent, tous les jours, de faire connaître la vérité depuis Ghaza. Ils ne sont pas morts pour rien et ce soir nous sommes tous palestiniens, nous appartenons à ce pays qui représente le cœur du monde arabe » s'est exclamée la ministre de la Culture. « Il n‘y a pas de doute que nos jeunes sont concernés par ce qui se passe, je ne peux qu'être fière de mon pays quand j'entends nos jeunes nous demander d'ouvrir les frontières pour aller combattre auprès de nos frères ». Nous sommes des algériens, nous sommes censés rejeter tous ces pays qui ont détruit des pays comme la Syrie, l'Irak, la Libye. Nous devons bouger. La révolution n'est pas encore terminée, elle est toujours là, et l'art y joue un grand rôle. « Ya Sohioni Ched Rihalek, Falastine Machi Dyalek, Falastine Arabya, Bi Tarikh wa bi l'Hourya » s'est égossilée Louiza Hanoun sur un ton colérique. Le public n'a pas été indifférent et a scandé en écho cette indignation. Outre la prestation de l'Orchestre symphonique national qui a atteint la perfection en accompagnant le chanteur palestinien dans la chanson « Mawtini », la chanteuse Dalia Chih dans « Koli Alach », Nadia Rayan dans « Falastine hya l Kadhya » et les chorales ont, par la suite, interprété des chansons patriotiques telle « Wayn el Malayine » suivie de « Dhamir El Arabi » et « Zahret El Madayin » de Fayrouz. Le célèbre poète irakien, Jijan Abbes n'a pas mâché ses mots évoquant la conscience qui ne dort pas et faisant l'éloge de l'Algérie en répétant à plusieurs reprises : « Vous nous avez honorés au Brésil ». Ibrahim Seddiki a partagé un poème qui raconte un dialogue entre un père et son fils qui a perdu sa mère. D'autres poètes, tels Mohamed Erabaoui, ont partagé leur colère et leur soutien. L'artiste Saadeddine Lezhari a élaboré un dessin sur sable représentant les malheurs de Ghaza et ses enfants. Le clip poignant réalisé par Mohamed Tayeb Guettal a été projeté sur le grand écran, les paroles ont été chantées par Salima Abadan, le parolier et compositeur. Tous ces artistes ont été honorés par les personnes politiques présentes. Cheb Mami de retour Le prince du raï, toujours aimé du public, a clôturé la soirée avec ses célèbres chansons : « Au Pays Des Merveilles », « Let Me cry », « Ma Vie Deux Fois », « Douha Alia »... Il a ravi le public en entonnant des reprises telles « Koum Tara » et un morceau pour la Palestine « Nahdilek Rouhi ou mali » de Mohamed El Badji. La soirée était pleine d'émotion et tellement merveilleuse que le public en redemandait encore à 3 heures du matin passées. La dixième édition du festival de Timgad accueillera plusieurs noms de la chanson arabe. 301 artistes issus de 9 pays arabes, tels Kadhem Essaher, Saber Erribai, Ouail Djassar, Nadjoua Karam, ainsi que Fella, Karima Saghira, Hassan Dadi, Kader Japonais, Zakia Mohamed et d'autres voix algériennes animeront les veillées de Djemila devenue la destination de centaines de familles.