L'activité bancaire reste, certes, dominée par les cinq banques publiques historiques, mais des économistes attestent que la contribution de la banque El Baraka est de plus en plus tangible. Un modèle, selon eux, à généraliser d'autant que les spécialistes de la finance islamique relèvent une réticence et souvent des réserves par rapport aux produits bancaires conventionnelles, qui génèrent le riba (intérêt). Une problématique qui fait encore débat. La conférence scientifique sur la finance islamique tenue hier à Dar El Imam, en présence du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, et des membres de l'instance religieuse unifiée de la banque El Baraka, représentants de certaines filiales implantées dans le monde arabe, s'inscrit dans cette optique. C'est la deuxième conférence du genre à susciter un intérêt à la hauteur de l'engouement et de la confiance croissante qu'affichent les clients à l'égard de ces établissements. Implantée en Algérie depuis une vingtaine d'année, la banque El Baraka est, de l'avis du ministre des Affaires religieuses, une instance référence tant elle aspire à générer « richesse, prospérité et autosuffisance ». Il juge qu'il est nécessaire, vu la conjoncture actuelle, de sensibiliser l'opinion publique sur l'efficacité de ce segment et la richesse qu'il est susceptible de générer. Il a fait allusion à la création prochainement d'une instance de fetwas dédiée aux jeunes désirant obtenir des crédits bancaires dans le cadre de la charia. D'autant que les intervenants attestent que la finance islamique ne présente aucun risque. Ils se réfèrent, à cet effet, aux conséquences de la crise économique qui a secoué l'Occident mais sans pour autant affecter les pays ayant adopté ce genre d'activités bancaires. Pour certains, la banque El Baraka, et plus précisément la finance islamique, incarne « l'intelligence bancaire et monétaire ». Le mérite de cette réussite revient à sa conformité aux principes de l'Islam et ses préceptes qui définissent clairement la démarche à suivre. Présent dans 12 pays à travers tous les continents, le groupe El Baraka gère des investissements pour une valeur dépassant les huit milliards de dollars. Un succès qui fait dire à Ahmed Mahiedinne Ahmed, membre de l'instance religieuse d'El Baraka, que les banques islamiques ont fait leurs preuves et sont certainement en mesure de répondre aux besoins de toute société, notamment les jeunes en quête de stabilité. Les mosquées ont, selon certains intervenants, un important rôle à jouer à cet effet. « La charia est claire », soulignent-ils, jugeant qu'il est nécessaire de faire la distinction entre les concepts, à l'exemple de la différence entre la contribution et l'impôt. Le secrétaire général de la banque El Baraka, Haider Nacer, estime, pour sa part, que le temps est à la jurisprudence en matière de droit musulman des affaires, notamment tout ce qui concerne les activités bancaires et financières. Les participants conférenciers n'ont pas manqué de traiter des normes de gestion des finances islamiques, la conception de ces normes et les modalités de leur élaboration. « La richesse du droit musulman des affaires n'est pas à démontrer. La diversité des écoles juridiques est un facteur de richesse et contribue à ouvrir les horizons de la fetwa et de l'encadrement du point de vue religieux de ces activités financières et économiques en fonction de la diversité sociale et culturelle dans le monde musulman », a souligné Haider. Il rappellera que l'activité bancaire conforme à la charia existe depuis plus de vingt années. « Elle s'est intégrée dans le paysage bancaire national et a apporté sa contribution au financement de l'économie nationale, en matière de satisfaction des besoins de la population algérienne dans les différents produits bancaires et financiers. » Il a affirmé, à l'occasion, que la forte demande dépasse largement l'offre en ces produits. Les clients de cet établissements sont non seulement nombreux mais de plus en plus confiants en ce qui concerne la conformité à la charia. « L'activité de la banque El Baraka se fait sous la supervision du conseil el charia qui vérifie la conformité de leurs produits aux principes de notre religion. Cependant, toute activité et tout produit non conforme sont soumis à la neutralisation et mis dans un fonds caritatif et de bienfaisance. Pour cet expert, du point de vue doctrinal et financier, ces banques sont des exemples à suivre.