L'armée marocaine a enterré mardi soir en catimini, à Al Ayoune, le jeune Sahraoui Elgarhi Najem (14 ans), qu'elle a abattu dimanche, sur fond d' «indignation» et de « répression » des citoyens sahraouis, indique un communiqué du ministère des territoires occupés et de la diaspora. Mme Bana Hmeidi, la mère du martyr, qui n'a pas assisté à l'inhumation, réclame une enquête sur les circonstances de ce crime crapuleux. Elle rejette en bloc les allégations marocaines selon lesquelles les soldats ont riposté à des tirs en provenance du véhicule transportant son fils et ses camarades. Les réactions à cette énième provocation marocaine ne se sont pas fait attendre. Nicole Kiil-Nielson, écologiste française et membre de l'intergroupe Sahara occidental du Parlement européen affirme les marocains veulent faire des sahraouis « des citoyens de troisième classe dans leur propre pays ». Les Sahraouis qui assistent à l'épuisement et au pillage de leurs ressources naturelles sans en bénéficier, dit-elle, sont à la fois victimes d'une répression énorme, de discriminations et d'abus de toutes sortes. Pour elle, le règlement définitif de la question sahraouie passe inévitablement par l'autodétermination, un droit inaliénable, et un référendum libre et équitable. Les parlementaires britanniques sont au courant de la brutalité des forces d'occupation marocaines et se solidarisent avec les sahraouis. Comme première action, ils ont signé une pétition où ils dénoncent les agissements de l'armée marocaine et comptent en parler avec leur ministre des Affaires étrangères. Jeremy Corbyn, le président du groupe parlementaire sur le Sahara occidental, qui qualifie cette mort de « tragédie et de honte » demandera au gouvernement britannique d'intervenir pour permettre au peuple sahraoui de décider librement de l'avenir de son pays. La fondation américaine «Defense Forum Foundation» appelle la communauté internationale à réagir face à l'escalade de la violence Sahara occidental. Sa présidente, Suzanne Scholte invite les journalistes et les militants des droits de l'homme de la région à se rendre dans les territoires occupés pour établir des rapports de première main sur la situation. Elle a insisté surtout à ce que l'Onu réagisse rapidement pour protéger les sahraouis, car ces derniers «sont dans une position intenable, étant privés d'emplois, de logement, d'éducation et de toute sorte de commodités». Elle rappelle que les organisations des droits de l'homme réclament depuis longtemps une surveillance renforcée pour éviter ce genre de tragédie. Devant la montée de la violence qui pourrait bloquer les efforts de paix et cette mort de Najem qui survient au moment où Christopher Ross annonce la tenue de la reprise des pourparlers entre le Maroc et le Polisario en novembre prochain à New York, Mohamed Abdelaziz, le président sahraoui, prend à témoin la communauté internationale qui manifeste son indignation. Dans une missive adressée au secrétaire général de l'Onu, il lui explique que la présence des forces militaires et sécuritaires marocaines qui assiègent les camps sahraouis est une grande préoccupation quant aux véritables intentions de Rabat. La trente-sixième conférence de la Coordination européenne de soutien au peuple sahraoui à laquelle prendront part près de quatre cent participants qui s'ouvrira demain à Paris, fera-t-elle entendre raison aux Marocains ?