L'année scolaire vient à peine de débuter que les élèves de classes d'examens se sont mis à s'inscrire à des cours particuliers. Les enseignants qui dispensent ce genre de cours sont déjà « pris d'assaut », notamment les plus connus. Ainsi, les prix par séance de 2 heures varient d'un enseignant à un autre, même si la tendance générale est de 1.000 DA la séance soit 4.000 DA/mois par élève. Cela pour Tizi-Ouzou. Dans les grandes villes comme Alger, Oran et Constantine, les prix pratiqués sont encore, semble-t-il, plus élevés. « On a l'impression que nos enfants sont davantage dans une école privée que publique » se plaint un parent dépité par tout ce qui se passe. En effet, pour bon nombre de parents, il est demandé un effort financier supplémentaire pour que leur progéniture subisse, dans des conditions favorables, les examens de fin d'année. C'est le cas d'un parent qui se voit dans l'obligation de débourser une moyenne de 12.000 DA par mois pour que son fils « accède » au savoir. « Je suis contraint de payer le prof de maths, celui de physique et des sciences, matières dites essentielles, pour qu'il puisse avoir une chance d'avoir son bac » nous confiera-t-il. Ces cours particuliers regroupent parfois une vingtaine d'élèves. En somme, une classe entière en temps normal et sous d'autres cieux. Dès lors, une question se pose. Quelle est l'efficacité de tels cours avec un nombre aussi élevé d'apprenants ? Les parents soulèvent une autre question pertinente. Pourquoi l'enseignant ne dispense pas normalement ses cours en classe durant les heures pour lesquelles il est rémunéré ? Une telle situation tend, hélas, à se généraliser à tous les niveaux du cursus scolaire de l'enfant au grand dam des parents. Elle crée un climat malsain au niveau de l'institution scolaire du fait que de telles pratiques sont dénoncées par les plus démunis qui n'ont pas les moyens de se payer des professeurs. Tel dénoncera « le diktat de certains enseignants qui font comprendre d'emblée aux élèves que pour mieux saisir les cours dispensés en classe, ils doivent les compléter chez lui par des cours particuliers ». Tel autre ne manquera pas de dénoncer certains professeurs qui ont même menacé leurs élèves si ces derniers ne rejoignaient pas leurs « cours particuliers ». Des pratiques dénoncées par certains syndicalistes qui les jugent immorales. Etablissements ouverts De leur côté, les enseignants se défendent en pointant du doigt le système éducatif. « Comment voulez-vous être efficace dans une classe hyper chargée avec pas moins de 40 à 50 élèves en terminale ? » A en croire beaucoup d'entre eux, il est pratiquement impossible d'assurer son cours convenablement. « Même Hercule est incapable d'abattre un travail aussi titanesque » nous dira, avec une pointe d'ironie, un professeur d'anglais. Il ne manquera pas de dénoncer certains de ses collègues qui font pression sur les élèves pour les contraindre à suivre des cours particuliers chez eux. Selon M. Tachabount, le chargé de la communication à la direction de l'éducation, « des dispositions sont prises en ce sens par la direction de l'éducation, notamment pour les élèves de terminale ». « Des instructions ont été données aux proviseurs pour garder les établissements ouverts après les heures de cours, jusqu'à 22 heures. Durant les week-ends, les élèves inscrits sur une liste à transmettre à la direction peuvent aussi bénéficier de cours de soutien à la charge de l'administration » nous dit-il. L'urgence pour les pouvoirs publics est de réagir en imposant la réglementation pour mettre un terme à de telles pratiques. Ils doivent prendre les mesures qui s'imposent. Sans quoi, l'école, en principe publique, tendrait de plus en plus à s'accommoder de pratiques libérales qui sapent l'égalité des chances.