Quand on a pour patelin natal le bled du grand maître de l'Andalou Sadek Bejaoui, on a rarement droit à l'échec. Le prestige culturel et artistique de Bejaïa est d'ailleurs, tel que l'on ne s'étonne guère de voir, aujourd'hui, ses enfants, femmes et hommes, plastronnés sur les devants de la scène, enchaînant succès et notoriété. Dernière trouvaille : Mourad Zediri, le jeune Cheikh qui a décroché, haut la main, le premier prix du dernier Festival national de la Chanson Chaâbie- tenu à Alger à la fin du mois de Ramadhan- en ravissant la vedette à bien des candidats qui n'étaient pas, pour autant de moindre talent. Le tout, sous l'œil et l'oreille, d'un jury où officiaient, en prime, des grandes figures du genre, telles que Boudjemâa El Ankis ou encore le chantre mostaganémois Maâzouz Bouadjadj, qui, au demeurant, n'ont pas trop hésité à lui remettre le sacre. Tant, à vrai dire, les atouts multiples qu'il revendique, ont pesé sur le choix final. Voix puissante et pure, maîtrise presque parfaite de l'instrument (Mandole), mémoire d'éléphant, et autant de qualités qui font de lui la nouvelle icône du Chaâbi à l'ancienne Bougie. « Sincèrement, je ne m'attendais pas à ce succès tant le niveau de la participation était élevé. Certes, je me suis bien préparé pour ce défi mais croyez-moi, ce n'était pas du tout facile », reconnaît-il, tout enthousiaste d'un titre qui, à coups sûrs, lui ouvrira d'autres horizons et tant de consécration à glaner. Le succès de Mourad n'est pas venu comme ça, ex-nihilo. Loin s'en faut. Sa passion pour le Chaâbi remonte à une enfance bercée au sein d'une famille de mélomanes. «C'est mon grand-père qui m'offrit ma première guitare», se rappelle-t-il sur un ton nostalgique. Un modeste instrument avec quoi le jeune Mourad, bien des années après, réussit à se donner une renommée nationale, suscitant une unanimité rarement démentie. Passionné d'El Anka, mais surtout de l'alter ego de ce dernier, à savoir Omar Mekraza, il n'entend pas néanmoins faire dans la singerie stérile dont aujourd'hui abusent des interprètes de pacotilles. Lui, il revendique un style propre, des repères, ses influences, une manière de jouer toute différente…bref, tout pour mériter, comme il se doit, le prestigieux titre de Cheïkh.