Que l'on ne s'y trompe pas : bien que vivant depuis plus de 20 ans sur les berges de la Tamise, Saâdoune Abdelkader, artiste originaire de Khemis Miliana, n'a rien perdu de sa verve. Le raïman a réussi son come-back dans son pays natal dans le cadre d'un concert de charité organisé à l'initiative de l'ambassade du Royaume-Uni et de quelques entreprises présentes en Algérie, à la salle Ibn Zeydoun. Les fonds colletés lors de ce concert seront remis à l'association des sourds-muets d'Oran et au centre de Bentalha. Les spectateurs apprécieront les sonorités qui leurs sont offertes par cet artiste venu du pays de Son Altesse Royale. De l'andalou mélangé à des sonorités nouvelles de la world music donnera un ton nouveau à ce patrimoine maghrébin, pas toujours apprécié à sa juste valeur. Natif de Khemis Miliana, Saâdoune a fait ses premières classes dans son patelin d'origine. D'ailleurs, il ne se départira jamais des instruments fétiches du raï. Il est arrivé en Angleterre en 1988, et quelque années après, il a créé son deuxième groupe de raï dans la capitale anglaise, assure-t-on. Perfectionniste à l'envi – les spectateurs s'en sont rendu compte à coup sûr –, Saâdoune aura à driver un groupe avec qui il se produisit « dans de nombreuses cérémonies et de nombreux festivals ». Des musiciens ont rejoint le groupe ; chacun d'eux est venu d'une région connue pour ses musiques traditionnelles. La Méditerranée n'est guère loin. Il y a d'ailleurs dans ce groupe un Italien, un Turc. L'Italien a émerveillé les invités par sa manière quelque peu étonnante de jouer de la guitare. L'humeur y était, à coup sûr. Gratter les cordes s'apparente chez lui à faire de la comédie. Les musiciens, qui ont accompagné le raiman de Miliana, sont au nombre de neuf, utilisant chacun des instruments traditionnels comme la mandoline ou d'autres instruments plus actuels tels les cuivres, l'alto, le banjo. « Artiste charismatique, Saâdoune parvient, avec ses rythmes contagieux et son dynamisme sur scène, à faire vibrer n'importe quel public », atteste-t-on. Tel un alchimiste, il a réussi à intégrer aux sonorités du terroir des éléments venus d'ailleurs comme le pop, le jazz, la funk, le rock et le blues. « Sa musique est très dynamique et elle incite à la danse », assurent ses fans. Connu pour être l'une des destinations phares des musiciens du monde entier, la Grande-Bretagne lui a ouvert les bras : « Depuis ma tendre enfance, on ne cessait de me parler à l'école de la ligne de Greenwich. Le destin a voulu que j'habite dans cette ville. Le hasard nous surprend toujours… », affirme-t-il. Le parcours de l'artiste sur les scènes anglaises n'est guère mince. Abdelkader s'est produit dans plusieurs festivals du Royaume-Uni, entre autres sur la scène principale du Womad, au Queen Elizabeth Hall, au Royal Festival Hall, à Trafalgar Square, au Festival en plein air du Théatre national, au Festival de la musique méditerranéenne au Barbican. Il a également participé à de nombreuses autres manifestations en plein air, ainsi que dans des théâtres, des clubs, des musées et des centres culturels. Il était également présent au Festival des musiques du monde à Thassos en Grèce et aux remises de prix des Musiques pour la paix dans le monde, à Bali. Des albums ont été produits, le dernier porte le titre de Inchalah & Freedom. Les musiques de cet album ont été choisies pour le film American Bellydancer de Miles Copland. D'autres compositions sont à son actif. Le groupe Harmonica, disparu pour un moment, est retourné sur scène, à la faveur de ce concert évènement.