Candidate à sa propre réélection, Dilma Roussef, 66 ans, l'héritière politique de Lula da Silva, est arrivée en tête avec 41,48% des voix. Aecio Neves, 54 ans, ce petit-fils de président, député, gouverneur, sénateur programmé pour devenir président, est arrivé en deuxième position avec 33,68%. La campagne du second tour, prévu pour le 26 octobre, promet une bataille acharnée. Comme tout se jouera autour des reports de voix, l'écologiste Marina Silva, qui s'est retrouvée en troisième position avec 21,29%, jouera la « faiseuse » de roi. Aecio Neves va-t-il détrôner le parti des travailleurs au pouvoir depuis 12 ans et présider aux destinées de cet immense pays émergent d'Amérique latine en pleine mutation ? Sans attendre l'ouverture de la campagne électorale du second tour, il a appelé le Parti socialiste brésilien (PSB), dont Marina Silva défendait les couleurs, à se joindre à lui pour battre Mme Rousseff. « C'est l'heure d'unir nos forces. Ma candidature n'est pas celle d'un parti politique, mais d'un ensemble d'alliances » au service de « tous les Brésiliens qui ont la capacité de s'indigner ». L'écologiste, qui estime que « le Brésil a clairement signifié qu'il n'était pas d'accord avec la situation actuelle », va-t-elle le soutenir ? Fort probable. Dilma Rousseff, elle, croit en ses électeurs. « La lutte continue, une lutte qui sera victorieuse parce que c'est la lutte du peuple brésilien. Cette lutte est la lutte des bâtisseurs de l'avenir qui ne laisseront jamais le Brésil revenir en arrière », leur dit-elle. « Je crois que Rousseff et Neves ont chacun 50% de chances de l'emporter. La campagne va être très courte et très intense », prévient l'analyste politique André César. Les enquêtes d'opinion montrent que 60% des électeurs de Marina Silva voteraient pour Neves, alors qu'elle a été militante du PT pendant 30 ans et ministre de l'Environnement de Lula. Rousseff, qui joue sur la carte de la continuité des plans sociaux du gouvernement, garde une forte base populaire. Neves, qui se place comme le seul candidat de l'opposition, dit vouloir engager des mesures économiques audacieuses. Il promet de ramener l'inflation à 4,5% et de regagner la confiance des investisseurs. « Le Brésil a indiqué clairement qu'il n'était pas d'accord avec le gouvernement actuel et a réclamé un changement qualifié », dit-il, invitant l'opposition à le soutenir. Les Brésiliens ont également voté dimanche pour élire leurs 513 députés fédéraux, 1.069 députés régionaux, 27 gouverneurs et renouveler un tiers du sénat (27 sièges). C'est le Parti mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre) qui est sorti le plus fort des urnes comme il l'a toujours été depuis la re-démocratisation en 1985. Il reste le groupe parlementaire le plus fort au Sénat avec 17 des 81 sièges, devant le PT (12) et le PSDB (10) et a réduit sa distance avec le PT, le groupe le plus fort à la Chambre des députés en obtenant 67 des 513 sièges contre 70 du PT et 55 du PSDB. Cela lui permettra de garder la présidence des deux chambres.