Plus de 142 millions de Brésiliens ont commencé à voter hier pour le premier tour de la présidentielle, partagés entre fidèles à la continuité des conquêtes sociales de la gauche au pouvoir depuis 12 ans, et partisans d'une alternance pour relancer l'économie en panne du géant émergent d'Amérique latine. Les ultimes sondages samedi montrent que la présidente de gauche Dilma Rousseff, candidate à la réélection est favorite avec plus de 40% des intentions de vote. Mais elle a besoin de 50% des voix plus une pour éviter un second tour face au social démocrate Aecio Neves ou à l'écologiste Marina Silva. Ils doivent élire aussi leurs 513 députés fédéraux, 1069 députés régionaux, 27 gouverneurs et renouveler un tiers du sénat (27 sièges) parmi plus de 26.000 candidats dont 31,7% sont des femmes. Le vote est obligatoire au Brésil et une heure avant l'ouverture des bureaux de vote de longues files s'étaient déjà formées, comme à Rio où 12 millions d'électeurs votent. Dans la plus grande favela de Rio, la Rocihna, située dans la zone sud et touristique, deux voitures de police se trouvaient près de l'école Ayrton Senna transformée en bureau de vote. De nombreux dépliants de candidats jonchaient le sol. Odilia Velino, 50 ans, déclare qu'elle est «arrivée tôt pour éviter de faire la queue». «J'aime voter, je crois au système. Je sais pour qui je vais voter, c'est un vote conscient», dit-elle. Mme Rousseff, 66 ans, a voté un peu avant 09H00 locales à Porto Alegre (sud) puis a posé pour les photographes, tout sourire, en levant le pouce, selon des images de la chaîne Globo news. Elle a souligné qu'elle pensait «devoir affronter un second tour». Révélatrices des doutes qui agitent un Brésil en pleines mutations, ces élections interviennent au terme d'une folle campagne électorale aux incessants rebondissements. Le dernier s'est produit samedi, à la veille du scrutin, quand pour la première fois Aecio Neves a dépassé dans trois sondages Marina Silva, l'ex-favorite de la présidentielle. Propulsée de manière inattendue dans la campagne après la mort dans un accident d'avion en août de son allié, le candidat du PSB Eduardo Campos, cette transfuge du PT avait déclenché un tsunami dans les sondages, au point d'être donnée largement victorieuse sur Mme Rousseff en cas de second tour. Mais elle a peu à peu été rattrapée puis dépassée par Mme Rousseff. Avant de voir revenir sur ses talons le sénateur Neves, tous deux poussés par les puissantes machines électorales de leurs partis de gouvernement. En cas de second tour, M. Neves finirait deuxième et éliminerait Mme Silva avec une légère avance: 24% contre 21,4% ou 26%-27% contre 24% pour sa rivale, selon les instituts.