Organisé par le Haut commissariat à l'amazighité (HCA), un symposium sur les productions lexicographiques amazighes s'est ouvert, samedi dernier, à la maison de la culture de Bejaïa. Il réunit de nombreux enseignants, inspecteurs, chercheurs et auteurs de différentes universités et wilayas du pays.La production de dictionnaires et lexiques en langue amazighe s'est notablement dynamisée grâce à l'encouragement et l'aide du HCA aux auteurs, en publiant leurs ouvrages dans des domaines très variés. Ainsi en est-il du dictionnaire (trilingue) sur le tamazight de l'Atlas blidéen de O. Mouffok, ou de l'inventaire des néologismes en tamazight de H. Mansouri ou encore des lexiques sur l'électrotechnique et la didactique qu'a confectionnés M. Mahrazi. Le premier thème abordé dans ce symposium a permis, justement, à ce panel d'auteurs de lexiques, de poser les problématiques que confronte la langue berbère. R. Kahlouche, qui a relevé l'essor de l'édition en tamazight, notamment dans la lexicographie, grâce au soutien du HCA, estime qu'il faut distinguer entre le patrimoine linguistique existant et les néologismes qui posent la question de leur acceptabilité et quelles sont les raisons linguistiques ou sociolinguistiques qui permettent leur adoption ou provoque leur rejet par les locuteurs. De son côté, Ahmed Zaïd Idir, qui s'est lancé dans la confection d'un dictionnaire dans le domaine des sciences de la terre sur la base du stock des termes disponibles en tamazight, estime que l'auteur doit se prévaloir d'une double compétence, linguistique et scientifique, pour pouvoir élaborer, efficacement, un ouvrage de cette nature. Les néologismes dans les médias, l'apport de la traduction dans l'enrichissement des lexiques, ont été également abordés. Les débats ont soulevé essentiellement la pertinence des différentes techniques utilisées pour la fabrication de nouveaux mots, la nécessité de faire la distinction entre les lexiques spécialisés et ceux du langage parlé, sachant que c'est au niveau du parler que les néologismes posent problème, ainsi que la question de l'emprunt à d'autres langues. Les puristes pensent qu'il faut les éliminer pour les remplacer par ceux déjà existant ou par des néologismes, d'autres estiment qu'il faut être prudent dans cette approche et font la distinction entre les emprunts linguistiquement intégrés et le reste. La seconde table ronde, prévue aujourd'hui, portera sur la réécriture et la correction des dictionnaires existants et la confection de dictionnaires bilingues. Un troisième axe aura pour tâche de réfléchir sur la stratégie à déployer en matière du cadre et du partenariat pour la prise en charge de la question lexicographique et terminologique amazighes.