Le moment n'est pas encore opportun pour accéder à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). C'est en somme ce qui ressort du débat animé, hier, au forum d'El Moudjahid par le représentant de la Centrale syndicale chargé des affaires économiques, Lakhdar Badreddine, conjointement avec Chafik Ahmine, expert en économie, et Chemseddine Chitour, universitaire. Les intervenants ont accordé leurs violons en soulignant qu'il y a des priorités à prendre en charge avant de penser à franchir le cap. Tous ont convergé sur la nécessité de tirer profit des expériences des pays voisins pour mieux se situer et se préparer et surtout « pour limiter les conséquences néfastes » sur l'économie nationale. Selon Lakhdar Badreddine, l'OMC « ne peut être un passage obligé pour l'Algérie ». Et d'ajouter que « pour le moment, accéder à l'OMC va contre les intérêts de l'Algérie ». Il est convaincu du fait que ce sont les travailleurs qui en subiront les conséquences. « Il n'y aura pas de problème de pouvoir d'achat, mais de disparité d'emploi », a-t-il souligné. Il a précisé que le niet de l'UGTA n'est pas catégorique. Elle conditionne le passage à l'OMC par la mise en place de mesures de protection de la production nationale et le développement de l'industrie. Le chargé des affaires économiques auprès de l'UGTA soutient qu'il est primordial de mettre en place une véritable stratégie économique. Aller vers une transition économique ou pas ? Le problème ne réside pas à ce niveau, de l'avis de Ahmine. « Le problème principal est de savoir comment instaurer une stratégie industrielle », a-t-il avancé avant d'ajouter qu'il est certes important de prendre et d'afficher une position ferme vis-à-vis l'accession de l'Algérie à l'OMC mais il est également recommandé de « militer pour aller vers une stratégie de planification de l'économie nationale et de l'industrialisation du pays ». « A quoi cela sert d'aller à l'OMC alors que ne nous faisons rien pour développer l'économie et que nous n'avons rien à vendre ? » Il a cité l'Inde comme exemple à suivre. « En développant une vraie stratégie de formation, l'Inde est devenu le premier pays exportateur des services informatiques », a-t-il indiqué. Le développement de la ressource humaine et la détermination des secteurs stratégiques constituent, selon lui, les priorités à prendre en charge. Pour Chemseddine Chitour, la problématique ne réside pas dans le fait d'aller ou pas à l'OMC. « Les vrais problèmes qui se posent sont de savoir si nous avons préparé le futur et faut-il continuer à se tenir le ventre à chaque fois que le prix du pétrole chute ». Selon lui, il faut choisir un modèle de développement, de sortir de la politique de la rente et de favoriser le patriotisme économique. La transition économique est, pour lui, un passage obligé, ajoutant qu'« il faut aller vers l'économie de connaissances ». Les subventions de l'Etat doivent profiter aux démunis. « Il faut trouver un mécanisme pour protéger ceux qui n'ont pas de pouvoir d'achat », a-t-il dit. Sur la hausse des prix, les trois intervenants estiment que l'Etat doit assumer son rôle de régulateur.