Ce qui devait être un moyen de transport moderne et confortable pour les usagers de la wilaya d'Alger est devenu, depuis quelque temps, l'endroit de prédilection des mendiants. Leurs allers et venues sont incessants à travers les rames. Il ne se passe un jour sans que le tramway d'Alger soit envahi par les quémandeurs et les vagabonds. Cette situation met mal à l'aise certains voyageurs qui craignent même pour leur sécurité. Dans la matinée de fin de semaine dernière, comme à l'accoutumée, la navette de 9h15, en provenance de Café Chergui et se dirigeant au Ruisseau a été prise d'assaut. Deux femmes montèrent à bord. La première, la cinquantaine bien entamée, cachée sous un voile, titille les âmes sensibles par des psalmodies et des lamentations. Des suppliques, presque les mêmes sont aussi reprises par la deuxième mendiante. C'est une jeune femme avec un bébé dans les bras. Elle réclame quelques dinars pour « acheter du lait pour son petit ». Cette image a suscité le courroux des voyageurs, principalement d'une vieille dame. Cette dernière n'a pas mâché ses mots. Elle était indignée de voir un bébé exhibé en ces temps pluvieux. « Cela saute aux yeux, ce n'est pas son enfant. Comment ose-t-elle le trimbaler sous cette pluie ? » fulmine la vénérable dame. Elle ne manquera pas de lui signifier « d'aller travailler et préserver ainsi sa dignité et la santé de sa progéniture ». Voyageurs incommodés Faire la manche à bord du tramway n'est plus l'apanage des seuls nationaux. Des mendiants syriens et subsahariens semblent eux aussi flairer la bonne affaire. Rempli de voyageurs, le tramway reste un endroit où les âmes charitables sont confinées. En quelques stations seulement, des dinars sont amassés.En plus des mendiants, des hallucinés montent à bord, incommodant les paisibles voyageurs par des paroles délirantes et extravagantes. Certains, sales et crasseux, laissent dégager des odeurs pestilentielles. Une situation désagréable et déplaisante puisque le tramway dispose d'un système de climatisation mais pas d'aération. Des contrôleurs et des agents de sécurité nous ont confié qu'ils ont reçu des directives pour ne pas laisser monter les mendiants et autres aliénés pour protéger le voyageur et veiller à la sauvegarde du matériel. « Nous jouons au chat et à la souris avec ces enfants subsahariens. Lorsqu'ils nous aperçoivent, ils se faufilent entre les voyageurs pour échapper à nos remontrances » explique un agent. Ce dernier ne manque pas de faire endosser la responsabilité de cette situation aux voyageurs. « C'est un peu de leur faute (usagers) si les mendiants quémandent à bord du tramway. Certains leur accordent des aumônes qui sont parfois généreuses ». En attendant de voir le tramway retrouver sa vocation, les usagers doivent prendre leur mal en patience.