Photo : Fouad S. Depuis la nuit des temps, les cimetières ont constitué un endroit privilégié des mendiants et autres quémandeurs. Ce phénomène n'a jamais cessé et prend même de l'ampleur Les mendiants sont très bien organisés puisque dès la première heure du matin du vendredi, jour de visite des disparus par excellence, ils s'installent dans les allées menant aux carrés des morts ou à l'entrée du cimetière. Vendredi, au cimetière d'El Alia, il y avait foule. Le nombre des quémandeurs est très proche de celui des visiteurs. Seuls ou accompagnés de leurs enfants, ils sollicitent une aumône. Au passage des voitures ou des personnes, ils se lèvent et s'approchent pour soutirer une petite pièce de monnaie. La plupart des visiteurs ramènent du pain fait maison ou des vêtements. Dès qu'ils aperçoivent un mendiant, ils remettent le paquet. Mais la présence des mendiants n'est pas du goût de l'ensemble des personnes qui préfèrent se recueillir sur les tombes des leurs en toute quiétude. «Nous sommes même harcelés à la limite de l'agression par ces mendiants qui n'hésitent pas à vous approcher dès votre descente de voiture», dira une dame venue se recueillir sur la tombe de sa maman au cimetière de Baïnem. Les offrandes à base de pain ou de vêtements ne sont pas tellement appréciées. « C'est désolant, à la fin de la journée nous nous retrouvons avec un tas de pain et de vêtements. Les mendiants qui préfèrent beaucoup plus l'argent, jettent le pain, et pour les habits, ils font le tri sur place et ne prennent que ce qui peut les intéresser », dira un surveillant rencontré au cimetière d'El Alia. L'autre endroit privilégié des mendiants est l'entrée des mosquées. Les mendiants sont très avisés et connaissent parfaitement où ils peuvent amasser le plus d'argent. Ainsi, dans un même quartier on assiste à une ruée de personnes en quête d'une offrande alors qu'une autre mosquée est à peine fréquentée. Une jeune dame est assise dans son fauteuil roulant devant la porte d'une mosquée à Alger, son revenu journalier, croit-on savoir, augmente les vendredis et durant les fêtes religieuses. Bien qu'il n'existe aucun chiffre précis du nombre de mendiants, le phénomène prend de l'ampleur. Faut-il un décret interdisant la mendicité d'autant que pour beaucoup, faire la manche est une activité à très grands revenus.