Haut lieu de l'histoire, de la Révolution et de la mémoire collective, la Citadelle d'Alger, érigée au XVIe siècle, fait l'objet d'un grand chantier pour sa réhabilitation par l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC). Jeudi dernier, la ministre de la Culture, Nadia Labidi, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, et le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, étaient à son « chevet ». Ils ont suivi les explications d'Abdelwahab Zekagh, directeur de l'OGEBC. « Il s'agit de la restauration de trois murs superposés (médiéval, Beni Mezghana et Ottoman). Le pavillon construit par Aroudj en 1516 et finalisé par Khider Pacha, où le coup d'éventail a été donné au consul de France, fait l'objet, également, de restauration », a-t-il affirmé. « Sur 300 à 400 m, la patine du temps est visible et il faut tout restaurer pour stopper la dégradation », a ajouté le directeur de l'OGEBC. Selon lui, « la Citadelle, une fois réhabilitée, abritera un grand musée, un espace multimédia et, peut-être, une résidence d'hôtes ». Concernant la Casbah, un plan « d'attaque » est mis en place pour restaurer 300 bâtisses vides afin d'éviter d'autres glissements. Zekagh a annoncé l'utilisation de drones pour scanner toutes les douirate. Le but est d'avoir une idée d'ensemble sur les chantiers de fortification ou de démolition de ces maisonnettes. La ministre de la Culture a suggéré « d'associer les étudiants en architecture et les artisans pour les faire bénéficier d'une meilleure formation dans le domaine de la restauration ». Elle a ajouté que « ces fouilles et découvertes archéologiques doivent être accessibles aux historiens ». Dans l'îlot de Lallahoum, situé en contrebas de la Basse Casbah, où un bidonville a été rasé et les familles relogées, un théâtre romain a été découvert lors des travaux de terrassement. Le site a été clôturé et un plan de sauvegarde a été mis en place. Il est prévu dans cet espace des activités culturelles de proximité. Restauration de Ketchaoua Plus loin, la délégation a inspecté les travaux de restauration de la mosquée de Ketchaoua fermée depuis 2006. C'est une entreprise turque qui prend en charge, à titre gracieux, la réhabilitation de cet édifice religieux. Au niveau de la place des Martyrs, où des fouilles archéologiques préventives, motivées par une station de métro, sont entreprises, la ministre de la Culture a donné des instructions au Centre national de recherche archéologique (CNRA) pour que celles-ci soient entamées dans les limites du périmètre des vestiges d'un autre théâtre romain. La dernière halte de la délégation ministérielle, conduite par le wali d'Alger, fut « les voûtes » donnant sur le port. Cet espace sera dédié aux artistes dans tous les domaines. Pour le wali, « il s'agit de donner de la gaieté aux Algérois en faisant appel aux chanteurs, peintres, musiciens et autres artisans ». A l'issue de cette visite, Mme Labidi a insisté sur le travail de coordination qui doit se faire entre tous les secteurs. « Une stratégie mise en place, un effort soutenu, une méthodologie idoine pour le suivi des chantiers sont de mise pour la réussite de la réhabilitation de ce site », a-t-elle indiqué. Pour la ministre, « la Casbah - un trésor et une perle pour les Algériens - est avant tout une mémoire vivante des civilisations qui se sont succédé. Chacune ayant laissé sa trace ». « La réhabiliter est, avant tout, redorer son blason pour en faire un endroit où les citoyens viennent visiter et trouver un environnement adéquat », a-t-elle suggéré.