Tripoli, la ville libanaise historique, est de nouveau le théâtre d'affrontements entre combattants alaouites du quartier de Jabal Mohsen et ceux sunnites de Bab al-Tebbaneh. Vendredi dernier au soir, pour la première fois, depuis le début de la guerre en Syrie voisine en 2011, des accrochages ont eu lieu dans les souks du centre-ville, un lieu touristique qui figure comme site potentiel dans la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, entre l'armée libanaise et le groupe d'Oussama Mansour et de Chadi Mawlawi, deux personnages devenus tristement célèbres depuis qu'ils ont défié l'armée et occupé, pendant des semaines, une mosquée de la ville. Les échanges de coups de feu auraient commencé lors d'une opération de perquisition effectuée au domicile des parents d'Ahmad Mikati, alias Abou el-Hoda, arrêté jeudi dernier par l'armée. Ayant récemment prêté allégeance à l'organisation terroriste Daech, ce « djihadiste », connu également sous le nom d'Abou Bakr, recrutait des Libanais pour le front syrien. Accusée régulièrement de cibler les sunnites et de coopérer avec les combattants du Hezbollah chiite, l'armée a été contrainte, hier matin, de réagir à ces actes de violence qui ont fait un mort parmi les hommes armés et 17 blessés (9 soldats et 8 civils) en recourant à la manière forte. Elle a lancé, en utilisant l'artillerie lourde, une attaque contre des groupes armés qui ont pris position dans les souks du centre-ville. Pris au piège, le groupe qui combat la troupe à Tripoli a appelé le Front al-Nosra (branche syrienne d'al-Qaïda en Syrie, ndlr) à l'aide et les soldats sunnites à la désertion. Conséquence de la reprise des violences qui pourraient exacerber davantage les tensions entre communautés musulmanes au pays du Cèdre, la rencontre islamo-chrétienne, qui était prévue, hier, à Tripoli, a été reportée à une date ultérieure. L'ancien Premier ministre, Nagib Mikati, le mufti de Tripoli et du Liban-Nord, Malek el-Chaar et le ministre de la Justice, Achraf Rifi, apportent leur soutien à la troupe. « Nous sommes aux côtés de l'Etat légitime » et « nous n'allons pas être entraînés vers le chaos » lancent-ils à l'issue d'une rencontre entre responsables tripolitains.