L'armée et les forces de sécurité ont été priées de prendre la situation en main afin d'éviter que le Liban ne sombre dans la violence avec le renouvellement quotidien de ces affrontements entre personnes de différentes confessions, que certains lient à la crise syrienne. La situation est très inquiétante au Liban, où le Premier ministre Najib Mikati, originaire de Tripoli, s'est dit "inquiet des tentatives d'entraîner le Liban de plus en plus dans le conflit en Syrie, alors que ce qui est demandé à tous les responsables, c'est de coopérer pour (...) protéger le Liban du danger", dans un nouveau communiqué. Les autorités ont, d'ailleurs, demandé "à l'armée et aux forces de sécurité de prendre la situation en main et d'interdire toute présence armée et d'arrêter ceux qui sont impliqués dans les événements de Tripoli", selon le texte. Sur le terrain, les hostilités sont loin d'être terminées. Hier, deux personnes ont été tuées à Tripoli, dans le nord du Liban, dans de nouveaux combats confessionnels liés au conflit syrien, portant le bilan à huit morts et 75 blessés en trois jours de heurts, selon des sources sécuritaire et hospitalières. Selon une source sécuritaire, on en est arrivé à des accrochages à l'arme automatique et au lance-roquettes entre des bandes issues de deux quartiers misérables sunnite, hostile au régime syrien, et alaouite, pro-régime, séparés par une rue. Durant la matinée, deux personnes ont été tuées et 15 blessées, dont cinq soldats, dans les affrontements entre les secteurs de Bab el-Tebbaneh, majoritairement sunnite, et Jabal Mohsen, quartier alaouite, la confession du président syrien Bachar al-Assad, ont indiqué des sources hospitalières. Quatre habitants du quartier de Bab el-Tebbaneh, dont un garçon de 13 ans, et deux habitants de Jabal Mohsen, avaient trouvé la mort. Soixante autres avaient été blessées – 50 combattants et civils, dont un enfant de six ans paralysé par une balle, et 10 soldats, apprend-on d'une autre source sécuritaire. à une plus petite échelle, les deux communautés reproduisent en quelque sorte le conflit qui se déroule en Syrie voisine entre des sunnites, majoritaires, et des alaouites, branche du chiisme, minoritaires. Les deux camps se sont accusés mutuellement de chercher l'affrontement, malgré le déploiement de l'armée libanaise, censée séparer les protagonistes. Pour un combattant sunnite, qui ne veut pas donner son nom, "les gens d'en face agissent pour couvrir leur crime en Syrie et pour se venger de l'arrestation de Michel Samaha", un ancien ministre libanais proche de Damas et accusé d'avoir fait entrer des explosifs au Liban pour commettre des attentats. Sur l'autre colline, un responsable alaouite, Ali Fidda, déclare : "Nous ne cherchons pas à imposer nos idées à quiconque, nous sommes cependant prêts à nous défendre si nous y sommes contraints." Un chauffeur de taxi, Abou Khodr Charbini, 40 ans, raconte avoir dû fuir son quartier de Bab el-Tebbaneh en raison des violences. "Je voudrais partir définitivement mais nous n'avons pas d'argent pour déménager", dit-il. Les combats, qui secouent régulièrement la ville portuaire entre pro et anti-Assad depuis le début de la crise en Syrie il y a 17 mois, avaient éclaté lundi par des échanges de tirs entre les deux quartiers. "L'armée pourchasse les hommes armés et a saisi une quantité de fusils, de bombes et de munitions", a-t-elle précisé mardi. Des incendies se sont déclarés dans plusieurs maisons et des voitures ont été endommagées. De nombreux immeubles ont été totalement abandonnés par les civils. M T. /Agences