Le ministère de l'Education nationale a publié, mardi dernier, une instruction soumettant les syndicats et les associations des parents d'élèves à l'introduction vingt jours auparavant d'une demande pour tenir une réunion à l'intérieur des établissements scolaires et attendre une semaine pour obtenir une réponse de l'autorité compétente. Qu'en pensent les syndicats du secteur ? Le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) qualifie la mesure « d'irrecevable et injuste ». Meziane Meriane dit ne pas comprendre la démarche de la tutelle et le délai de 20 jours exigé. « Il s'agit d'une mesure bureaucratique qui porte atteinte aux libertés syndicales », estime le coordinateur du Snapest. Il rappellera que la réglementation en vigueur permet aux syndicats de tenir des réunions à l'intérieur des établissements scolaires. Pour l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (UNPEF), cette décision « inattendue est une forme d'entrave à la liberté syndicale », selon un communiqué rendu public hier. L'article 9 du décret exécutif 03/10, qui détermine les conditions d'accès aux établissements d'enseignement et d'éducation, permet aux syndicats de l'éducation de tenir leurs réunions après avoir obtenu l'autorisation du directeur de l'établissement concerné sans jamais préciser la période, fait rappeler le syndicat. De son côté, le chargé de la communication du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a souligné que l'instruction du ministère est une « tentative de porter atteinte à l'activité syndicale ». Pour Messaoud Boudiba, les rédacteurs de cette instruction ne « connaissent » visiblement pas le travail des syndicats. Même argument avancé par le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Boualem Amoura a soutenu que cette instruction constitue une « restriction pure et simple des libertés syndicales, pourtant garanties par le Constitution ». Il l'a qualifiée de « surprenante », lâche-t-il. « En finir avec le oui... mais » Le coordinateur du Snapest s'est félicité, par ailleurs, de la décision du ministère de renouer avec le dialogue à partir du 15 novembre prochain. Pour lui, c'est une démarche des plus « salutaires », pour peu qu'il y ait un dialogue « franc et responsable » entre les deux parties. « Nous voulons clarifier les choses concernant les dossiers qui ont été pris en charge par la tutelle et ceux qui sont toujours en suspens. Il est temps d'en finir avec la politique du oui...mais », estime Meziane Meriane. Messaoud Boudiba a soutenu, pour sa part, que les syndicats ont dépassé la phase du dialogue et veulent des réponses « claires et concrètes » à leurs doléances. Il estime que par cette démarche, la ministre veut montrer que les portes du dialogue sont ouvertes alors que « nous voulons une prise en charge réelle de notre plateforme de revendications dont certains points sont en suspens depuis cinq ans ». Idem pour Amoura qui a mis l'accent sur la nécessité de trouver une « solution définitive » aux revendications des syndicats. Selon lui, ces rencontres de concertation entre le ministère et les syndictas n'apporteront rien de plus en termes de résultats que celles tenues les 18 et 28 août dernier et qui se sont soldées par un échec. « N'empêche, nous y irons à la rencontre et nous exposerons l'état désastreux de l'école algérienne », souligne-t-il.