Le ministère de l'Education nationale a procédé à l'envoi des mises en demeure aux enseignants grévistes. C'est ce qu'ont indiqué, hier, les syndicats autonomes initiateurs de ce mouvement, qui disent, par ailleurs, regretter cette réaction. Pour les syndicats autonomes, il aurait fallu que la tutelle œuvre à trouver une solution à cette situation au lieu de « pousser au pourrissement ». Messaoud Boudiba, chargé de communication du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), a estimé que cette démarche est à « contresens de la loi régissant les conflits de travail ». Il a soutenu que, par cette mesure, le ministère a fait un pas dans le mauvais sens. Pour le moment, selon ses propos, les enseignants refusent de recevoir ces mises en demeure de la « honte ». Même topo chez le président de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef). Sadek Dziri a indique que le ministère n'a pas appliqué la loi 90-02 dans la gestion de ce conflit. Il a soutenu que les enseignants sont en grève et non en situation « d'abandon de poste » pour qu'ils soient destinataires de mises en demeure. Selon lui, cette action va encore altérer la situation. Le président de l'Unpef a affirmé que les enseignants ont refusé non seulement de recevoir ces mises en demeure mais aussi d'y répondre. Pour sa part, Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), a annoncé que l'attitude du ministère n'est pas nouvelle puisque « nous avons vécu le même scénario en 2003 ». Et d'accuser la tutelle d'enfreindre la réglementation en vigueur, c'est-à-dire la loi 90-02 du 6 février 1990, relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail. Pour lui, cette décision renforcera davantage les syndicats et les enseignants dans leur détermination à poursuivre leur mouvement de grève jusqu'à la satisfaction entière de leurs revendications. « Au lieu de chercher une solution, le ministre est en train de jeter de l'huile sur le feu », a averti Meriane, pour qui le taux de suivi de cette première journée de grève dans sa troisième semaine est la preuve de la résolution des enseignants à poursuivre leur protestation. « Les menaces du ministère ont provoqué l'effet inverse », a-t-il fait remarquer. En effet, il s'est félicité de la réaction des enseignants qui ont répondu « favorablement » au mot d'ordre lancé par les syndicats. Il a relevé que « le taux de suivi est remarquablement mieux que la semaine dernière ». Les syndicats disent, par ailleurs, ne pas comprendre les déclarations du ministre de l'Education et de son chef de cabinet qui ont annoncé que les portes du dialogue sont ouvertes. « Depuis le 27 janvier dernier, nous n'avons rien reçu d'officiel du ministère », a soutenu l'Unpef dans un communiqué rendu public. Et comme pour démonter leur entière disponibilité pour le dialogue, les partenaires sociaux ont appelé le ministre à organiser une réunion de travail afin de débattre « de la manière la plus responsable des préoccupations en suspens ».