La végétation clairsemée ne doit pas dissimuler l'étendue de la régression. La métaphore, l'arbre qui cache la forêt, sied à la situation. Elle convient parfaitement à la problématique convoquée par « la Journée nationale de l'arbre ». Le patrimoine forestier national subit les coups de boutoir de plusieurs facteurs. L'urbanisation effrénée grignote chaque jour davantage d'espaces. Les incendies détruisent des hectares entiers de couvert végétal. L'insuffisance des précipitations et les atteintes humaines à l'environnement font le reste. Pourtant, le maintien de l'équilibre écologique dans le développement socio-économique du pays est une option à laquelle tous se rallient. Devant l'adversité, un programme de reboisement est mené et à chaque anniversaire de la Journée de l'arbre, l'on réactualise les bienfaits de la nature et des écosystèmes forestiers. La Direction générale des forêts met en avant la nécessité de lutter contre la désertification en zones steppique et saharienne car la montée du sable vers le Nord n'est pas une vue de l'esprit. La tâche est titanesque pour le plus grand pays d'Afrique, mais dont le désert couvre 80% de la superficie. Aux grands maux, les grands remèdes. Des actions d'envergure à l'instar du barrage vert sont à même d'endiguer le phénomène. Ou le réduire. Les institutions en charge de la protection du patrimoine forestier sont dans leur rôle de s'appliquer à sensibiliser à la préservation de la végétation et à la reconstituer là où elle a subi des rétrécissements. Mais la problématique concerne toute la société. Le succès des opérations de reboisement et de repeuplement des forêts en dépend. Les programmes avancés consistant en la protection des bassins versants de barrage, les mesures d'endiguement de l'avancée du désert et l'extension du patrimoine forestier sont, manifestement, la riposte au défi qui se décuple avec le bouleversement climatique. En Algérie, les forêts sont menacées, selon la Direction générale des forêts, par « les changements d'utilisation des sols, la dégradation, la perte des habitats naturels et la pression humaine, accentués par les effets des changements climatiques, tels que les vagues de chaleur, les pluies torrentielles et les sécheresses prolongées ». Le paysage des forêts drues et luxuriantes a cédé le pas face à la poussée des nuisances, à des maquis dénudés. A des zones arides et semi-arides. La végétation clairsemée peut être régénérée puisque les sols ne sont pas supposés atteints par les effets de pollution irréparable. Si le plan national de reboisement ambitionne de couvrir de plantations quelque 1. 245.000 ha sur une période 20 années, il est concomitamment urgent de sensibiliser les citoyens mais aussi les promoteurs immobiliers et les communes sur la protection du patrimoine existant. Et le renforcer en dotant les cités d'habitations d'espaces verts qui ont besoin d'entretien pour survivre. Comme dans le conte, il faut faire la promesse à la forêt de ne plus abattre un arbre. L'histoire est qu'un bucheron plante sa hache dans l'arbre pour le couper. L'arbre saigne. Ou plutôt pleure. Et les autres arbres se secouent. Le bucheron affecté par ce qu'il venait de voir a fait la promesse à la forêt : il n'abattra jamais plus un arbre.