L'onomastique, science des études sur les noms propres, connaît, depuis quelques années, un regain d'intérêt des étudiants, de plus en plus nombreux à présenter des travaux dans cette branche, a affirmé, lundi à Alger, le linguiste et chercheur algérien, Farid Benramdane. Intervenant dans le cadre de la rencontre « Des noms et des lieux », (organisée au Sila), Farid Benramdane a estimé à une « vingtaine au minimum » le nombre de thèses (magistère et doctorat) en onomastique soutenues ces dix dernières années, un chiffre relativement important au vu de l'introduction « récente » de cette branche dans l'université algérienne. Pour ce chercheur au Centre de recherches en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), ces travaux sur la généalogie (noms des tribus) et la toponymie (noms de lieux), « essentiellement », renseignent sur « un besoin identitaire » chez l'étudiant algérien. Elle sont également révélatrices de « l'importance » que revêtent ces études dans la « reconstruction » de l'identité algérienne après le « génocide culturel » perpétré par le colonisateur français à travers la constitution de l'état civil, véritable œuvre de « dénationalisation », estime ce chercheur. Organisée sur deux jours, cette rencontre a abordé, entre autres, les origines des noms propres en Algérie (personnes et lieux), à travers des interventions de chercheurs dont Benramdane qui s'est attaché à montrer les différentes influences (latine, arabe, espagnole, turque, etc) dans le « substrat libyco-berbère » des noms algériens. D'autres intervenants, à l'instar de l'expert international en toponymie, Brahim Atoui, ont proposé un aperçu sur l'évolution de noms de lieux en Algérie (avant, pendant et après la colonisation française) ou encore étudié les noms propres utilisés chez des écrivains algériens. Présentée avec une volonté manifeste de vulgariser cette science auprès des néophytes, cette rencontre a suscité un vif intérêt des visiteurs du Sila, contrairement aux autres rencontres thématiques faiblement suivies. Ces deux journées se voulaient, également, un hommage au penseur et homme politique algérien, Mostefa Lacheraf (1917-2000), dont le livre « Des noms et des lieux », écrit en 1998, est considéré comme une œuvre fondatrice pour ces chercheurs.