Le train a pris le départ à 7h45 de la gare d'Alger vers Thénia, dans la wilaya de Boumerdès. « Nous avons été avertis de l'accident à 8h04. Nous avons mobilisé 20 ambulances et 6 camions. L'opération de secours a été rapide vu l'accès facile au lieu de l'accident et la coupure du courant par la SNTF », a précisé le chargé de la communication de la direction de la Protection civile de la wilaya d'Alger, le lieutenant Sofiane Bekhti. Les blessés ont été évacués aux CHU Mustapha-Pacha et Nefissa-Hammoud (ex-Parnet). « Il s'agit d'un déraillement et non d'une collision. Le train a déraillé alors qu'il tentait de changer de voie », a précisé le lieutenant Bekhti. Sur place, six wagons parmi les onze que compte le train ont déraillé, dont trois ont été totalement endommagés, et la cabine du conducteur s'était totalement emboutie. « Le train ne devait pas s'arrêter à la gare d'Hussein Dey », a signalé un employé de la SNTF. Un autre a expliqué, sur les lieux, que le train a été dévié afin de permettre au rapide assurant la ligne Oran à Alger de passer. « C'est à ce moment qu'il a déraillé ». Hier, la SNTF a décidé de suspendre le trafic ferroviaire. Des équipes de la police scientifique et technique de la Sûreté de wilaya d'Alger ont été dépêchées sur les lieux pour enquête alors que des éléments de la BRI (Brigade de recherches et d'investigations) ont été mobilisés pour sécuriser les lieux. Les secours de la Protection civile ont trouvé des difficultés à retirer le corps Djouher A., âgée de 55 ans, enseignante à l'Institut de physique nucléaire de l'USTHB. Son époux s'est rendu sur le lieu quelques minutes après le drame. Il a été pris en charge par les secours de la Protection civile. Sellal s'enquiert sur la prise en charge des blessés Quelques minutes après l'accident, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, était sur les lieux. Il s'est entretenu avec les cadres de la SNTF et a suivi de près le déroulement de l'opération d'évacuation des blessés, avec le DG de la Protection civile. Le Premier ministre a ordonné l'ouverture d'une d'enquête afin de déterminer les circonstances exactes de cet accident. Il s'est rendu ensuite au service des urgences du CHU Mustapha-Pacha, en compagnie des ministres de l'Intérieur, de la Santé et du DG de la Protection civile. Sellal s'est enquis alors de l'état des blessés. Il a aussi demandé au ministre de la Santé de prendre toutes les mesures afin d'assurer une meilleure prise en charge des blessés ainsi que de leurs familles, qui se sont déplacées en force au service des urgences. Le ministre de la Santé a affirmé, dans une déclaration à la presse, que son département « a mobilisé tout le personnel médical et qu'un bloc a été réquisitionné pour une prise en charge rapide des blessés, ainsi que des ambulances pour le transfert des blessés vers des hôpitaux spécialisés ». En réponse à notre question sur la prise en charge des rescapés en état de choc, qui sont très nombreux, Boudiaf a déclaré que des psychologues ont été dépêchés. De son côté, le directeur du CHU Mustapha-Pacha, Bar, a souligné que ses services ont réquisitionné trois ambulances pour l'évacuation des blessés. « Nous avons recensé 93 blessés évacués au CHU Mustapha-Pacha, dont la majorité a quitté l'hôpital », a-t-il expliqué. Les proches des victimes ont tenté de forcer le cordon de sécurité mis en place à l'entrée du service des urgences. « Laissez les médecins travailler calmement », a lancé à leur adresse un agent de sécurité. Mais la panique s'était emparée des familles. « Ma fille est étudiante à l'USTHB, je l'appelle au téléphone depuis tout à l'heure et elle ne répond pas. S'il vous plaît, je veux avoir de ses nouvelles », implorait une femme en sanglots, avant de s'évanouir. Un autre demandait aux journalistes, qui sortaient des urgences, l'âge de la victime décédée. « Je cherche après ma sœur, elle portait un hidjab marron, s'il vous plaît, quelqu'un l'aurait-il vue ? Laissez-nous entrer, j'ai le cœur brisé », criait un jeune homme. Une autre femme, le foulard défait, pieds nus, suppliait l'agent de sécurité de la laisser passer. « C'est la femme du conducteur du train, Mustapha », a indiqué un proche qui l'accompagnait. Le conducteur du train est en réanimation. « Il a reçu un coup dur. La locomotive a été complètement endommagée », a expliqué un infirmier. Témoignages Le service des urgences était débordé. Des rescapés allongés sur des matelas par terre, d'autres sur des chariots d'urgence, dans les salles de soins et dans les couloirs. Les blessés ont passé des radios. « Nombre d'entre eux souffrent de fractures au bassin et à la nuque, d'autres sont blessés au visage par le bris des vitres cassées », a expliqué un médecin. Mohamed était à bord du train. « On était arrivés à la gare du Caroubier vers 7h55, tout était normal avant d'être surpris par le déraillement des premiers wagons. J'ai pensé à un tremblement de terre, le coup était fort alors qu'un jeune criait, une bombe, une bombe. Il pensait à un attentat à l'explosif, d'autres wagons se sont renversés et des passagers ont été éjectés, c'était la panique. Je suis légèrement blessé. Mon ami est au bloc opératoire, il a une fracture aux côtes, c'est terrible », a-t-il raconté. Une jeune fille, étudiante, était allongée sur un matelas. Elle tremblait de tout son corps et n'arrivait pas à prononcer un mot. Quand le médecin l'examinait, elle a commencé à pleurer. « Elle est en état de choc », a fait savoir le médecin. Un jeune homme est blessé au genou. « J'avais l'impression que le train s'est retourné, des wagons ont été déplacés et j'ai vu des personnes éjectées. A l'intérieur, c'est la panique générale », a-t-il témoigné. Un agent de la SNTF qui assurait la protection du patrimoine de l'entreprise, en coordination avec les équipes de la brigade ferroviaire de la Gendarmerie nationale, affirme avoir senti un coup fort avant d'être projeté. Pour Djamel, le chauffeur circulait à grande vitesse. « J'étais dans le deuxième wagon, et je discutais avec mon ami justement de l'excès de vitesse quand l'accident est survenu. Le chauffeur a, à mon avis, trouvé des difficultés à réduire la vitesse en arrivant à Hussein Dey », a-t-il déclaré. Des passagers évoquent l'excès de vitesse S'agit-il d'un excès de vitesse, d'une fausse manœuvre ou d'un problème technique ? Le directeur de la SNTF, Yacine Bendjaballah, qui s'est déplacé sur les lieux de l'accident, a affirmé dans une déclaration à la presse, que sur instruction du Premier ministre, une enquête a été ouverte par des experts de la SNTF qui vont recourir à l'examen de la boîte noire afin de déterminer techniquement les causes du drame. « Les résultats seront connus dans 48 heures. Actuellement, on ne peut avancer aucune cause », a-t-il précisé. En outre, le ministère des Transports a annoncé, hier, dans un communiqué, que des mesures ont été prises suite à cet incident. Il s'agit, entre autres, de la mise en place d'une cellule de crise pour le suivi des opérations. En outre, une commission d'enquête a été mise sur pied au niveau du ministère. La SNTF a également mis en place une commission d'enquête. Le communiqué a indiqué le lancement de l'opération d'évacuation du lieu de l'accident des débris et le réaménagement de la ligne ferroviaire endommagé en vue de la reprise de la circulation des trains. Une grue a été mobilisée pour déplacer les wagons. La justice confie l'enquête aux experts de la GN Le procureur près le tribunal d'Hussein Dey a confié l'enquête aux experts de l'Institut national de la criminologie et de la criminalistique de la GN de Bouchaoui. Une équipe composé de 11 experts en accidentologie, examen de véhicules et en scènes de crime, a été dépêchée sur les lieux, a indiqué la cellule de communication de cette institution.