La diversification de l'économie nationale pour que l'Algérie devienne moins vulnérable face aux fluctuations des cours des hydrocarbures est un sujet d'actualité. La dernière crise économique et financière qui a provoqué l'effondrement du prix du baril a finalement convaincu le gouvernement à œuvrer pour diversifier les ressources de l'Algérie, dangereusement dépendantes des recettes pétrolières. Hier, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a réitéré, devant les sénateurs, la détermination de l'Etat à s'atteler davantage au développement économique et à la promotion des activités productives pour contribuer à la diversification de l'économie nationale, à travers notamment la valorisation de l'investissement productif. «C'est un objectif à notre portée grâce au pas déjà franchi dans la mise à niveau du pays, y compris à travers la progression des réformes», a-t-il précisé lors de la présentation du plan d'action du gouvernement devant le Conseil de la Nation. Le gouvernement vise aussi «la promotion des activités productives en parallèle au secteur des hydrocarbures», a soutenu le Premier ministre, estimant que «cela est une nécessité plus avérée que jamais, à la lumière de la crise économique mondiale qui réduit de nouveau nos recettes extérieures». Le Premier ministre semblait ainsi emboiter le pas aux députés qui avaient insisté lors des derniers débats sur le plan d'action du gouvernement pour la mise en place d'une stratégie globale avec comme objectif de diversifier les ressources de notre économie. Les députés avaient estimé que la diversification de l'économie était une incontournable alternative pour réduire la grave dépendance de l'Algérie aux hydrocarbures. La récession mondiale aux conséquences encore inconnues montre l'urgence d'aller vers une diversification tous azimuts de notre économie. Le financement renforcé Le Premier ministre a affirmé, dans ce contexte, qu'une part non négligeable du programme d'investissements publics d'un équivalent de 150 milliards de dollars sera directement destinée à l'appui au développement économique. Il a signalé, à ce titre, que les investissements économiques que le programme entraînera «constitueront un plan de charge exceptionnel pour les opérateurs locaux» et «contribuera à la diversification de l'économie nationale». Ahmed Ouyahia a mis l'accent sur le développement de l'agriculture et l'amélioration de la sécurité alimentaire du pays, une opération qui a mobilisé, a-t-il dit, «un concours public totalisant 1.000 milliards de dinars (...) accompagné du rachat par le Trésor de la dette des agriculteurs et des éleveurs pour 41 milliards de dinars». Il a annoncé que l'appui financier apporté par l'Etat s'étendra à la bonification des prix de collecte, notamment pour les céréales et le lait et complété par la mise en place de mécanismes de régulation et le développement des marchés d'écoulement de la production. Ahmed Ouyahia a souligné, également, que le gouvernement va travailler à remettre à niveau les entreprises publiques encore viables et disposant de marchés. Le gouvernement veillera aussi à la conclusion de partenariats avec des opérateurs étrangers pouvant apporter un savoir-faire pour augmenter la production et la productivité de ces entreprises publiques. En outre, «l'Etat encouragera la participation de l'investissement national à la valorisation du patrimoine public économique avec comme objectif la préservation des emplois et la modernisation de l'outil existant, mais aussi la prévention de la spéculation sur le foncier ou sur le bâti industriel». Il a assuré que le gouvernement poursuivra l'amélioration des conditions requises pour l'investissement, annonçant l'avènement de nouveaux instruments de financement du capital investissement et du leasing, qui viendront compléter le Fonds national d'investissements capable d'intervenir pour 1.000 milliards dinars en cinq ans. La PME au centre des préoccupations Par ailleurs, le seuil de garanties de crédits d'investissements aux PME sera relevé, a-t-il précisé tout en estimant que cette mesure ne manquera pas de concourir à la création de 200.000 PME durant les cinq années. Le Premier ministre a soutenu que l'économie de marché est un choix sur lequel le gouvernement n'entend nullement revenir, relevant qu'il a le devoir de veiller pour que cette économie de marché soit saine, loyale et surtout profitable au pays. Il a ajouté que le développement de l'économie de la connaissance fera l'objet de mesures substantielles d'appui pour encourager l'innovation, d'autant que le marché local se développera dans ce domaine. Ahmed Ouyahia a estimé qu'il est encore trop tôt pour avancer des chiffres exacts dans le plan d'action du gouvernement dans la mesure où des études seront menées sous la houlette du président de la République.