Le document, adopté lundi dernier par l'opposition et la société civile, a été transmis à l'armée appelée, selon le président de la Commission auteur du texte, le pasteur Henri Yé, à « décider de la suite à donner à cette étape ». Depuis un grand hôtel de Ouagadougou, le pasteur a espéré que « certainement, dans les jours à venir, rapidement, un forum pourra être convoqué de manière à ce qu'il y ait un large consensus sur le document ». La revendication essentielle de la restitution du pouvoir aux civils que le président de l'Union africaine (UA), le chef de l'Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, en visite lundi dernier à Ouagadougou, veut voir se faire le plus rapidement possible, mobilise la classe burkinabé et la communauté internationale acquise à une transition démocratique. L'UA, toute proche des différents protagonistes de la crise rencontrés par le président en exercice, entend favoriser la carte de la concertation pour œuvrer « dans la tranquillité, la sécurité et la paix sociale » à trouver des « solutions durables ». Les équivoques, nées de l'ultimatum de 15 jours imposé par l'UA au début de la crise, semblent largement dépassées par la nouvelle dynamique de rapprochement perceptible dans le tour de table réussi avec les représentants de l'opposition et de la société civile et les retrouvailles chaleureuses entre le président Mohamed Abdel Aziz et le lieutenant-colonel Zida attaché au respect des principes de l'organisation continentale portant, notamment, sur le refus de tout « changement anticonstitutionnel » de régime. A l'aéroport où il a accueilli son invité de marque, le nouvel homme fort qui a déjà rassuré sur le retour rapide du pouvoir aux civils, a lancé un vibrant appel à « la communauté internationale, et particulièrement l'Union africaine », pour renforcer la « sérénité qui prévaut actuellement ». Bien loin des injonctions et des menaces, la main tendue africaine s'accompagne d'un optimisme de normalisation de la situation « pas aussi compliquée que le laissaient entendre certains », assure le président en exercice de l'UA. Cette position converge avec les efforts de la Cédéao consciente des « efforts en cours » et de la nécessité de ne pas « faire dans la précipitation » pour bâtir sur des « fondements solides », ce que l'un des ténors de l'opposition, Ablassé Ouédraogo, qualifie de « modèle pour l'Afrique ». Les chances de négociations reposent désormais sur la réponse attendue de l'armée qui s'active, selon un leader de l'opposition bénéwendé, Sankara, « pour convoquer le scénario » de sortie de crise tributaire d'un accord sur la répartition des postes dans les futurs organes de transition (gouvernement et parlement) et la désignation du président intérimaire. Mais conçu comme une « étape majeure », le socle de la transition a marqué le satisfecit des Etats-Unis indiquant, dans un communiqué publié par la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, « l'urgence » du retour à « un Etat constitutionnel » pour amorcer « le processus de reconstruction de la démocratie au Burkina Faso ». Washington exprime aussi l'espoir que « la mission centrale du gouvernement de transition sera d'assurer la préparation effective des élections nationales en novembre 2015 ». Une transition la « plus courte possible » ? L'envoyé spécial de l'UA, le Togolais Edem Kodjo, qui considère le délai d'« une année au maximum suffisant », y croit.