Entre les autorités soudanaises et la mission de maintien de la paix ONU-Union africaine (Minuad), qui est déployée depuis 2007 pour protéger les civils et sécuriser l'aide humanitaire destinée au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à des violences depuis le soulèvement en 2003, le courant ne passe plus. La Minuad veut enquêter dans le village de Tabit, situé à 45 kilomètres au sud-ouest d'El-Fasher, la capitale du Darfour du nord, sur une allégation d'un viol de 200 femmes et filles qu'auraient commis des soldats soudanais le 31 octobre dernier. Le ministère soudanais des Affaires étrangères qui a autorisé la Minuad à entrer dans ce village le 4 novembre pour y enquêter, s'y oppose. Il s'interroge depuis sur les « desseins » de cette mission qui a été sur les lieux jusqu'au 10 novembre sans trouver la moindre preuve de ce viol collectif. « Les accusations de viol collectif ont suscité un grand ressentiment au sein de la population à Tabit et dans les villages voisins, provoquant leur colère et une montée des tensions dans la zone », affirme Youssef al-Kordofani, le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, laissant entendre qu'il était dangereux pour la sécurité de la mission de l'ONU de se rendre sur place. La Minuad laisse entendre qu'un rapport confidentiel des Nations unies fait état d'intimidations auxquelles se serait livrée l'armée dans le village. Son auteur ? Elle ne le précise pas. Outre la Minuad, une autre mission onusienne a visité le camp où elle s'est entretenue avec des habitants, des responsables de la communauté et le commandant de la garnison de Tabit. Comme les casques bleus de la Minuad, elle n'a rien trouvé. Selon le Sudan Tribune, pour terroriser la population et intimider les rebelles, des militaires ont encerclé aux premières heures du 31 octobre le village, regroupé les hommes en dehors de l'agglomération avant de faire subir des violences sexuelles à 200 femmes et jeunes filles dont 80 mineures.