« Kaci Tizi Ouzou », de son vrai nom Hamid Lourari, décédé mercredi soir à l'âge de 83 ans, a été inhumé jeudi dernier au cimetière d'El-Alia en présence de membres de sa famille et de plusieurs artistes. Ahmed Kadri dit « Krikeche » était affligé de la disparition de celui qui fut son complice sur scène. Ils avaient interprété en duo plusieurs pièces théâtrales et sketches. « Kaci Tizi Ouzou était un très bon ami avec qui j'ai débuté dans le monde de l'art dans les années 1950 », a-t-il dit avec émotion, rappelant le long parcours artistique partagé dans les années 1960, 1970 et 1980. L'amitié des deux hommes n'avait d'égale que celle que le défunt avait pour Hassen El Hassani. Ils ont notamment joué dans « Yakhi Djar » ou « Echambit ». Chez cet intraitable gardien de jardin, le ton léger se mêlait avec une prétention pédagogique sur la nécessité de préserver l'environnement et la propreté. Dans ce dernier sketch tourné au parc de la Liberté (ex-parc de Galland), Abdelhamid Ababsa a fait une apparition et chantait un de ses succès. L'homme qui a intégré la Radio au début des années 50 est resté fidèle à ce média en y animant des émissions satiriques en kabyle et en arabe. Citons entre autres « Izahwaniyene » avec Mohamed Hilmi et plus tard, vers le début des années 80, « Saha Lfadhour nwan » sur les ondes de la Chaîne II. Il a effectué également de nombreuses tournées artistiques avec des vedettes des années 70 et 80 comme Seloua, Taleb Rabah ou Nora. Il assurait aussi l'animation. Kaci Tizi Ouzou n'avait toutefois pas interprété de grands rôles au cinéma où il n'a fait que de la figuration aux côtés de Doudja Achachi ou de Chafia Boudraâ. Les réalisateurs de cinéma d'expression amazigh n'ont pas fait appel à ses talents. La ville dont il a porté le nom l'avait honoré en mai 2013, lors d'une soirée au théâtre régional. Hamza Foughali dit « Mama Messaouda » et Mourad Khan étaient également marqués par la douleur. Le premier a joué avec lui dans plusieurs sketches. Usant d'un accent kabyle prononcé, Kaci Tizi Ouzou campait souvent des rôles inspirés de la réalité sociale pour rire des travers de ses semblables. Outre la Radio, il a enregistré en kabyle, en compagnie de Salah Sadaoui et de Wardiya Hamitouche, rendue célèbre par sa prestation dans « le Clandestin » de Bakhti Benamar, un DVD dans la veine comique. Il brocardait les mœurs apparues dans le milieu de l'émigration et en matière de mariage. Sid Ali Salem et Abdelkader Chebira avec lesquels le défunt avait collaboré ces dernières années, pour l'organisation de manifestations culturelles à El-Harrach, étaient présents aux obsèques. Le musicologue et président du Centre national des arts et des lettres, Abdelkader Bendaamache, a évoqué « le riche palmarès artistique de cette star de la comédie et sa lutte pour la cause nationale avant même le déclenchement de la Révolution nationale », outre sa « modestie et sa proximité du peuple, très apparente dans ses sketches (près de 600) ». Né en 1931 à Béni Ourtilane (Sétif) où il fut honoré, Hamid Lourari avait intégré la troupe de Bey Rédha à l'âge de 14 ans. Il a fait une longue carrière artistique. La ministre de la Culture, Nadia Labidi, a qualifié, dans un message de condoléances, la disparition de l'artiste de « tragédie qui a frappé la famille artistique », car étant « l'un de ses symboles ». « La scène artistique a perdu, avec la disparition de Kaci Tizi Ouzou, un artiste talentueux qui a fait rire des générations avec ses riches contributions à l'art algérien », a indiqué la ministre, soulignant qu'« il a servi la culture nationale avec sincérité ». Elle a qualifié le défunt d'« artiste d'exception ». « Ses oeuvres et son nom resteront à tout jamais gravés dans la mémoire collective », a-t-elle estimé. L'UGTA a exprimé, par la voix de son secrétaire général, sa profonde affliction pour la perte de ce grand artiste, le qualifiant de « maître de la culture nationale ».