Plus de 45 personnes ont été tuées par un double attentat à la bombe qui a frappé, hier, un marché populaire de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, selon une employée de l'équipe médicale et des témoins. Une bombe cachée dans un rickshaw a explosé vers 11h dans le Monday Market, un marché très populaire du centre-ville et la détonation a retenti dans tout le centre-ville, avant que ne s'élève une épaisse fumée noire. Un court instant plus tard, alors qu'une foule s'était formée pour porter secours aux victimes, une kamikaze qui avait caché une bombe sous son hijab, prétendant porter un bébé sur son dos, s'est fait exploser au même endroit, selon des témoins. Selon Dogara Shehu, de l'équipe médicale sur place, certaines des personnes tuées « ont été complètement décapitées », un récit qui concorde avec celui de plusieurs autres témoins. Un responsable des services de secours nigérians a, pour sa part, confirmé que « beaucoup de gens ont été tués », sans pouvoir donner de bilan plus précis. Le Monday Market avait déjà été la cible d'un attentat à la bombe attribué à Boko Haram, dans lequel au moins 15 personnes avaient péri le 1er juillet dernier. L'attentat n'a pas encore été revendiqué mais Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno, où Boko Haram a été fondé il y a plus de dix ans, a été la cible de très nombreuses attaques du groupe islamiste. L'insurrection et sa répression par l'armée ont fait plus de 13.000 morts depuis 2009. Les affrontements entre l'armée et les insurgés ont d'abord été quasi quotidiens à Maiduguri. Boko Haram s'est ensuite concentré sur des régions plus reculées du nord-est. Malgré les efforts de l'armée nigériane, le sultan de Sokoto, chef des musulmans du Nigeria, l'a accusée, lundi passé, de fuir lâchement face aux attaques du groupe islamiste et de « terroriser » la population civile dans le nord-est du pays. Il s'agit de la plus dure critique jamais prononcée par un dignitaire religieux de son rang à ce sujet mais il ne s'agit pas du premier. La semaine dernière, l'émir de Kano, Sanusi Lamido Sanusi, deuxième autorité musulmane du Nigeria, avait mis en doute la compétence de l'armée et affiché son soutien aux miliciens locaux dans la lutte contre Boko Haram. Dans un discours prononcé ce week-end lors d'un déplacement à Atlanta, aux Etats-Unis, le porte-parole de l'armée, a accusé les médias étrangers et d'autres « militants » de dénigrer les efforts menés par l'armée nigériane.