La compagnie nationale Air Algérie se remet en question. Elle est en passe de mener une vaste opération de restructuration imposée par l'impératif de rentabilité face à un nouveau contexte de concurrence en gestation. La réorganisation interne vise, en plus de se débarrasser des lourdeurs qui plombent la gestion, à hisser la compagnie au rang des standards internationaux les plus modernes. Cet effort de remodelage va de pair avec de nouveaux challenges en matière de développement. C'est-à-dire partir à l'assaut de nouveaux parts de marché situées aujourd'hui dans une proportion de 51,5%. Son président-directeur général, Boultif, a réaffirmé la nouvelle philosophie qui sous-tend l'action commerciale de l'entreprise, déjà esquissée depuis quelque temps. La mue escomptée passe par le renforcement de la flotte qui se dotera de 16 nouveaux aéronefs d'ici à l'horizon 2016, ce qui porterait le nombre d'appareils à 59, la création de quatre filiales dédiées au catering, au fret, à l'assistance au sol et à la maintenance. Air Algérie veut se doter aussi d'une formule low cost qui lui permettra d'assurer des vols charters, segment à l'état de balbutiements assuré en Algérie par la compagnie Air Méditerranée. La modernisation des leviers de gestion conduira la compagnie à s'affranchir des travers qui font sa relative mauvaise réputation notamment en matière de ponctualité et de qualité des prestations assurées aux clients. Ce qui la mettra dans une situation de pouvoir aspirer à un rôle de premier plan dans l'activité du transit. A constituer ce qui est appelé dans le jargon de l'aviation un hub aérien, c'est-à-dire une plateforme de correspondances aéroportuaires qui permet aux passagers de changer rapidement et facilement de vol. La compagnie publique veut se redéployer à tous les niveaux pour se poser à terme en leadership dans le créneau du transport aérien. Ce programme est appuyé par la tutelle, le ministère des Transports, qui a eu à diligenter un audit sur le fonctionnement de l'entreprise. Selon le premier responsable du secteur, Amar Ghoul, qui s'est exprimé sur le sujet le 17 novembre dernier, à partir de 2015, de nouvelles mesures, recommandations et décisions relatives à l'aspect réglementaire, à la gestion et à la restructuration de la compagnie, en sus de la maintenance, de l'encadrement et de la coordination entre les différentes filiales, seront mises en pratique. Il s'agit, selon le ministre des Transports, de « lever toutes les entraves et d'œuvrer à la modernisation d'Air Algérie et à l'amélioration de la qualité de ses prestations ». Avant l'ouverture de l'espace aérien au privé, les pouvoirs publics veulent, manifestement, placer dans les meilleures conditions professionnelles les deux compagnies nationales, Air Algérie et Tassili Airlines. Et préparent le terrain à cette perspective en balisant le terrain de la compétition par des textes réglementaires et un cahier des charges défini. « Le gouvernement est en passe de définir un cahier des charges ainsi que les mesures et textes réglementaires y afférents avant l'ouverture de l'espace aérien », a indiqué le ministre.