Partie de Genève où elle vivait dans un cocon familial aisé pour venir en Algérie, un pays qu'elle aimait sans le connaître, Isabelle Eberhardt continue, 110 ans après sa disparition, de susciter l'admiration des siens et des intellectuels. La chevauchée de cette femme sera au centre d'une manifestation organisée par l'ambassade de Suisse à Alger et la fondation Zaphira Yacef. Cet évènement, comme l'a souligné Son Excellence, Mme l'ambassadeur de Suisse à Alger, Muriel Berset Kohen, mercredi dernier, lors d'une conférence de presse animée au siège de sa résidence. « Elle permettra de retracer la vie d'un grand écrivain qui a établi un pont entre un pays du Nord et un autre du Sud et rapproché deux peuples ». Cette manifestation, expliquera l'ambassadeur, s'est concrétisée « grâce à l'appui de la ville de Genève qui a permis la programmation de deux conférences animées par deux éminents professeurs, Doris Jakubec, professeur honoraire de l'université de Lausanne et Geneviève Perret, historienne et anthropologue du Musée d'Ethnographie de Genève ». Lors de leurs interventions, ils aborderont le trajet de cet écrivaine-aventuriére, les qualités de son style. « On saura comment Genève a donné naissance à cette grande dame ». L'évènement aura lieu en deux phases. Il débutera le mardi 9 décembre à Alger et se poursuivra à El Oued avec la contribution de la fondation Zaphira Yacef. Cette dernière, comme l'expliquera la présidente, Zaphira Yacef, fille du grand moudjahid Yacef Saadi, a été créée « pour sauvegarder l'histoire algérienne et préserver la culture de la zone autonome ». Pour elle, « Isabelle Eberhardt est une dame qui nous a fait connaître le Sud algérien et nous fait émerveiller par ses descriptions du désert. Cette aventurière, haïe et aimée en même temps, reste un bel exemple de lutte contre le colonialisme puisqu'elle s'est mise en bouclier contre l'occupant » a-t-elle fait savoir. L'intérêt pour l'Algérie est apparu au sein de sa famille russe à travers son frère incorporé dans la légion étrangère. A 17 ans, elle écrit et évoque l'Algérie sans la connaître. Isabelle Eberhardt, alors âgée de 20 ans, s'installe avec sa mère à Annaba avant d'aller vivre à Ain Sefra. Personnalité fascinante, Isabelle a fait de sa courte vie (née le 17 février 1877 à Genève et morte le 21 octobre 1904 à Ain Sefra), un grand voyage. Elle parcourt le Sud algérien, adopte la religion musulmane, se marie avec un spahi musulman et partage la vie des Bédouins avant de mourir à 27 ans dans la crue d'un oued. Cette « chevauchée vers la lumière » débutera au Palais de la culture Moufdi-Zakaria avec une exposition des peintures de Zaphira Yacef.