Faut-il s'inquiéter de la chute des prix du pétrole ? Non, rétorque le ministre des Finances, Mohamed Djellab, du moins « à court et moyen termes ». Invité, lundi dernier, du journal de 20 heures de l'ENTV, le grand argentier du pays a affirmé que même s'il est pratiquement impossible de prévoir l'ampleur et l'échéance d'une baisse des prix du pétrole dans les tout prochains mois, il reste que des mesures prudentielles mises au point serviront à maintenir les équilibres financiers du pays. Pour le ministre, l'Algérie est préparée pour résister au « choc pétrolier », tenant à préciser que ce scénario a longtemps guidé les politiques nationales et que la législation a toujours pris en considération ce risque dans le calcul des budgets. L'Algérie, qui a bénéficié entre 2005 et août 2008 de la flambée des prix du pétrole, avait décidé de rembourser par anticipation sa dette extérieure publique qui était de 15,5 milliards de dollars début 2006. Les réserves de change de l'Algérie s'élevaient à 193,26 milliards de dollars à fin juin 2014. Le ministre a ajouté que le Fonds de régulation des recettes (FRR), qui disposait fin juin de plus de 55 milliards de dollars, contribuait également à faire face à l'effondrement des prix de l'or noir. Ainsi, les voix qui s'étaient élevées, demandant au gouvernement de « pomper » sans modération des réserves de change pour répondre à la demande sociale pressante, doivent se rendre à l'évidence que l'histoire les a conterdits. L'Algérie, qui, sans doute, aurait même pris en ligne de compte les différentes scenarii, à commencer par le maintien du quota de l'Opep, l'instabilité du marché, générée par les énormes quantités de brut « injectées » par les pays hors Opep et les filières clandestines au moyen orient et en Libye, ayant fait main basse sur les puits de pétrole, a pris ses devants. « Depuis un certain nombre d'années, l'Algérie a choisi d'appliquer une politique de prudence en anticipant le payement de sa dette extérieure, en constituant des réserves de change et un fonds de régulation des recettes, mais surtout à élaborer son budget sur la base d'un baril à 37 dollars seulement », indique Djellab. Il est clair que même si les recettes pétrolières vont s'amenuiser, si le prix du baril chute en dessous des 70 dollars, l'Algérie n'opérera aucun changement dans ses perspectives et objectifs économiques. Sur un ton rassurant, Djellab ajoute : « Les projets de développement d'infrastructures économiques et sociales ne subiront pas de changement ni pour le court ni pour le moyen terme ». En somme, pour atténuer les fluctuations des cours du pétrole, à moyen et long terme, l'Algérie doit poursuivre à un rythme soutenu sa politique de promotion des exportations hors hydrocarbures par le retour à l'investissement et la capitalisation des retombées des grands projets structurants.