C'est sur le plateau de la Télévision algérienne que le ministre des Finances, Mohamed Djellab, a choisi de s'exprimer, en prime-time, pour rasséréner les Algériens quant aux capacités de l'Algérie à faire face au choc pétrolier. La baisse des cours du pétrole, qui ont atteint leur plus bas niveau en cinq ans, est une donne que l'Etat a intégrée depuis plus de dix ans dans le calcul de ses budgets, dira le ministre. Les lois de Finances sont d'ailleurs élaborées sur la base d'un baril à 37 dollars seulement. Cette démarche prudente a permis au pays de rembourser sa dette extérieure et de se constituer un confortable matelas financier de 193,26 milliards de dollars de réserves de change et 55 milliards de dollars du Fonds de régulation des recettes (FRR), qui est justement utilisé comme un bas de laine pour préserver les équilibres financiers du pays. Rassurant, M. Djellab affirme que, selon ses prévisions, la baisse des prix du pétrole n'impacteront pas l'économie algérienne, à court et à moyen termes, et que les grands projets, notamment ceux relatifs aux secteurs de l'agriculture, l'enseignement, la santé et l'habitat ne seront pas affectés. Mais qu'en est-il du long terme, considérant que les hydrocarbures représentent 96% des exportations et 40% du PIB de l'Algérie ? Les recettes vont donc baisser et les réserves aller s'amenuisant si la tendance baissière se maintient et que le prix du baril stagne alentour de 80 dollars, seuil critique en deçà duquel, selon des experts, l'économie algérienne sera en danger. Certains soutiennent même que le budget a besoin d'un baril à 110 dollars pour trouver son équilibre. Sans cacher la probabilité de l'impact, l'argentier du pays affirmera toutefois que ce schéma était pris en compte par le gouvernement qui a étudié toutes les éventualités et mis en place tous les scénarii» que pourrait induire la persistance de la baisse des prix du pétrole. Une des pistes ouvertes par l'exécutif est la diversification des sources de financements des projets de développement, notamment en recourant au marché financier au lieu de tout pomper sur le budget de l'Etat. Des projets sont déjà programmés, qui seront financés par le marché financier, le Trésor public aura ainsi de plus larges marges de manœuvres dans ses financements. Cette piste est prometteuse. On a un patronat qui dit vouloir s'impliquer davantage dans le renforcement de la machine productive et l'économie du pays, une loi permettant aux opérateurs d'investir à l'étranger, à condition d'exporter pour financer l'investissement et de rapatrier les bénéfices, et une volonté de diversifier les exportations pour se libérer de la dépendance pétrolière. Si ces projections se concrétisent, avec quelques révisions à la baisse de certaines dépenses mal orientées, sociales notamment, l'Algérie pourra regarder d'un œil serein le tarissement de ses richesses pétrolières. «Peut-être détesteriez-vous quelque chose alors que c'est du bien pour vous», dit Dieu dans son livre saint, le Coran. H. G.