Eduquer sa langue est l'une des choses les plus importantes qui soit en islam. Aussi le Messager de Dieu (SAAWS) dit-il : «Celui qui me garantit ce qu'il y a entre ses maxillaires et ce qu'il y a entre ses jambes, je lui garantis le Paradis». Ainsi, gouverner la langue conformément au bien et dans le sens de l'agrément d'Allah est l'une des choses les plus importantes et des plus difficiles pour l'individu. A l'origine, la langue ne doit être employée que dans le bien, elle doit être bridée de tout mal, voire de toute parole futile. La langue est, par excellence, l'instrument de l'expression. L'âme a de nombreux penchants et la langue est la voie la plus courte pour les exprimer. Les penchants sont tellement nombreux, mais il ne convient guère que la langue les exprime tous. L'âme est encline à l'orgueil, elle l'est aussi à l'insulte et à la chicane au moment de la colère ; elle verse dans les paroles plaisantes jusqu'à sombrer dans la futilité, elle est encline à rabaisser autrui et à lui faire ressentir ses propres mérites. Tout ceci fait partie des choses dont le musulman doit s'abstenir. Il doit apprendre à retenir sa langue de ce genre de travers et cela passe par le contrôle de la langue. Les prémices du contrôle de la langue résident dans l'entraînement au silence. Puis, il s'habitue progressivement aux paroles mesurées. Celui qui n'a pas l'habitude de se taire aura du mal à mesurer ses propos. Et le mal peut venir de là. Le Prophète - paix et bénédiction sur lui - dit : "Que celui qui croit en Dieu et au Jour Dernier dise le bien ou qu'il se taise." Il est en effet, de notre devoir de regarder la condition de très nombreux musulmans de nos jours. Certains d'entre eux imaginent qu'Allah a fait d'eux les gardiens et les observateurs de la condition d'autrui, sans responsabilité aucune vis-à-vis d'eux-mêmes. Les voici passant au microscope la condition des musulmans autour d'eux. Non contents de scruter les apparences, ils iront sonder les cœurs. Puis ils dresseront un bilan avec force affirmation ; ils médiront, bavarderont à propos de la condition de ces gens-ci et de ces gens-là. En revanche, sur leur propre condition, point de commentaire car ils ne sont responsables de rien. Car Dieu les a investis de la surveillance d'autrui. Quant à se surveiller eux-mêmes, quant à surveiller leurs propres consciences, quant à observer leurs propres comportements avec Dieu, leurs propres manquements vis-à-vis d'Allah, cela ne leur traverse pas l'esprit. N'est-ce pas là la réalité d'un grand nombre de gens aujourd'hui ? N'est-ce pas là une réalité conforme au sens de ce verset inquiétant du Livre de Dieu : «Ô vous qui avez cru ! Que des hommes ne se raillent pas d'autres hommes : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu'eux». En effet, les faibles créatures d'Allah que nous sommes ne peuvent connaître la condition réelle d'un autre être humain, nous ne pouvons connaître leurs secrets. Nous ne pouvons que connaître certaines de leurs affaires apparentes et nous en ignorons tant d'autres. Et nous ignorons surtout tout de leurs consciences. Le bon musulman, le croyant, ne se mêle donc pas de ce qui ne le regarde pas. Il ne va pas porter une responsabilité dont il n'a pas la charge. (A suivre)