Une foule d'anonymes et d'officiels a accompagné la dépouille du martyr Ziad Abou Eïn jusqu'au cimetière d'al-Bireh où il a été inhumé aux cris de « Nous te vengerons avec notre propre sang, Dieu est le plus grand ! » et « Nous poursuivons ton combat ». Auparavant, beaucoup de personnes s'étaient pressées à la Mouqata'a, le siège de l'autorité pour se recueillir devant le cercueil. « Vengeance », scandaient certains, d'autres proclamant : « Ton sang n'aura pas été versé en vain ». Le président Mahmoud Abbas, qui a dénoncé « un acte barbare qui ne peut être ni accepté ni toléré », a décrété trois jours de deuil. Il avait déclaré la veille qu'après ce meurtre, toutes les options étaient « ouvertes » à propos d'un éventuel gel de la coopération sécuritaire avec les forces de l'occupation mais a, par la suite, renoncé à cette mesure. La rue ne décolère pas Les obsèques Eïn ont été suivies par des manifestations et jets de pierres à al-Bireh, Nabi Saleh, Qalandia ou Al-Khalil. L'armée israélienne qui a qualifié ces heurts d'« incidents mineurs » a déployé deux bataillons de soldats et deux compagnies de garde-frontières supplémentaires en prévision d'une éventuelle « poussée de fièvre » après la prière du vendredi. Le défunt participait mercredi à une manifestation pacifique contre la colonisation près d'un village de Cisjordanie occupée. Les manifestants ont été arrêtés par un barrage de soldats israéliens dont certains ont repoussé brutalement le responsable palestinien l'empoignant au col et à la gorge. Des vidéos le montrent respirant à grand peine après avoir inhalé des lacrymogènes, puis s'affaissant dans l'herbe en se tenant la poitrine. Versions contradictoires Le porte-parole du gouvernement palestinien Ehab Bessaiso, se fondant sur l'autopsie, a parlé de « meurtre » dont l'occupant est tenu pour « entièrement responsable ». En revanche, selon un communiqué du ministère israélien de la Santé, la mort « a été causée par l'obturation de l'artère coronaire », l'une des artères qui alimentent le cœur en sang, due à une hémorragie peut-être causée par le stress. Des médecins palestiniens, jordaniens et israéliens ont pris part à l'examen de la dépouille pratiqué à l'institut médicolégal d'Abu Dis, en Cisjordanie. Le gouvernement israélien s'est employé à l'apaisement. Il a exprimé ses regrets par la bouche du ministre de la Défense, Moshé Yaalon. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Reuven Rivlin ont donné l'assurance d'une enquête et affirmé la nécessité de « calmer les choses et d'agir de manière responsable ». La mort de Ziad Abou Eïn est survenue dans une situation déjà très tendue. Une vingtaine de Palestiniens ont été tués par les forces de l'occupation depuis l'été dernier. Les victimes défendaient la Mosquée d'Al Aqsa à Al Qods Est et les terres palestiniennes spoliées dans le cadre de la politique israélienne de colonisation qui a pour but de rendre impossible la solution de deux Etats conformément au principe du droit international.