Le pain amélioré est de retour. Des boulangeries de l'Algérois renouent progressivement avec la préparation du pain de son mélangé à de la farine. Cette farine « mixte » a un double objectif : élargir la marge bénéficiaire sur la baguette de pain tout en maintenant son prix à 10 DA et améliorer la qualité du produit. C'est le groupe public Eriad qui a lancé cette farine il y a deux mois. Celle-ci contient 30% de semoule de blé dur aux normes SSF et 70% de farine blanche. « Les boulangers qui fabriquent ce pain sont appelés à s'approvisionner auprès d'Eriad qui propose la semoule brune à 1.900 DA le quintal contrairement à la farine blanche qui est proposée à 2000 DA le quintal », a indiqué le président de Fédération nationale des boulangers, Youcef Kalafat. Soit une différence de 100 DA par quintal qui permettra aux boulangers, selon lui, de faire des économies. A cet effet, il rassure que le prix de la baguette de pain complet est identique à celui dit « pain blanc ». « Vu que le prix de la semoule est inférieur à celui de la farine, le boulanger peut donc faire davantage de profit sur la vente », a précisé Kalafat. Le but de cette démarche, ajoute-t-il, est d'améliorer la qualité de la production et de préserver la santé des consommateurs. Selon lui, le pain complet est recommandé par les nutritionnistes pour ses bienfaits sur les personnes souffrant de colopathie, de maux d'estomac ou de mauvaise digestion. « De plus en plus de consommateurs délaissent le pain dit normal au profit de celui à base de son qui lui donne un teint sombre », a-t-il affirmé. Le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulenouar, a rappelé que la première tentative de fabrication de ce type de pain remonte à 2007. « L'opération a été lancée au départ pour encourager les meuniers et les boulangers et appeler à une consommation de pain complet nutritif », a-t-il souligné. L'initiative a été un échec. Et pour cause, « certains importateurs ont estimé que le coût de la farine était prohibitif alors que des boulangers n'étaient pas en mesure de fabriquer du pain à base de semoule brune en raison du manque de qualification », a observé Boulenouar, ajoutant que « travailler la semoule noire demande une formation et une technicité ». Pour appuyer la fabrication et la consommation du pain « brun », le responsable a appelé les secteurs de l'industrie, du commerce et de l'agriculture à intervenir pour la réussite de l'opération dont l'objectif est de fabriquer un aliment nutritif et mettre fin à l'importation de farine blanche. « La baguette de pain fabriquée actuellement n'a pas de valeur nutritive », a-t-il relevé. Selon l'UGCAA, 21.000 boulangers activent à l'échelle nationale. Ils assurent la fabrication de plus de 40 millions de baguettes de pain par jour.