Le public, venu nombreux samedi dernier au soir, a été séduit par la prestation élevée de l'astre de la musique andalouse, Beihdja Rahal. L'auteure du livre « La plume, la voix et le plectre » s'est produite aux côtés de l'ensemble régional d'Alger sous la direction de Zerrouk Mokdad, à la salle Ibn Zeydoun, Alger, dans le cadre du 9e festival international de musique andalouse et des musiques anciennes (Festivalgérie), qui se poursuivra jusqu'au 29 décembre 2014. Le tableau de ces musiciens, stylés avec la chanteuse Beihdja Rahal, qui porte bien son nom, au centre comme un soleil, est déjà un spectacle revivifiant pour les yeux. Le majestueux rideau à la couleur chaude du fond de la scène faisant ressortir, comme un joyau dans un écrin, le costume traditionnel de Beihdja. Touchia Zidane en prélude, suivie des pièces - dans leurs mouvements respectifs - M'Seddar Qoum Ya Habibi, B'Taïhi Qalbi Hassel, Derdj Es'Ealtek Ya Badie Ech'Chabab, Insiraf Bittou Aâchaqou (2e partie), et Kh'Lass Ya Toura In Kan Taâoud Ayamna, ont constitué le programme de la chanteuse à la voix pure. Ce n'est pas un concert ordinaire. D'ailleurs, Beihdja s'interdit de refaire un récital déjà donné. Pour elle, chaque nouvelle représentation est une création dans son répertoire tout en restant extrêmement fidèle et attentive à la ligne pure et authentique de l'andalou. De même, l'ensemble régional d'Alger a offert un remarquable concert où il se consacre à la sauvegarde du répertoire et de l'interprétation de la musique Sanaâ de l'héritage arabo-andalou tout en visant l'innovation dans le respect des canons de cette musique savante ancestrale. Les instruments purement traditionnels ont apporté cette note hautement fidèle du genre andalou. Dans cette même soirée, l'assistance, qui est restée jusqu'à la fin de ce spectacle, a suivi, ravie, la prestation de deux formations étrangères. La première a été celle de Jiuyue, un immense compositeur, instrumentaliste, vocaliste et producteur de musique chinois. Il est parmi les fondateurs de l'ensemble chinois de musique folklorique « Sons de Chine », un ensemble qui allie la musique traditionnelle chinoise avec des instruments de musique d'Occident dans des genres musicaux divers. C'est un expert du piano, du linqin et du The Erhu. La seconde a été assurée par Juan Carmona qui fait, indéniablement, partie des guitaristes les plus créatifs. Au croisement entre la connaissance profonde des genres et des styles traditionnels et modernité, son œuvre « Sinfonia Flamenca » (œuvre pour guitare flamenca et orchestre classique) est, aujourd'hui, interprétée par les plus grands orchestres mondiaux. 14 pays prennent part à cette édition. Cette année, ce festival rend hommage à la grande dame, Saloua, qui a marqué, par son empreinte, un pan important de la musique classique et traditionnelle algérienne. De plus, une série de conférences sont données autour de la lutherie, l'histoire de la musique des grands maîtres ainsi qu'une étude sur la structure du mode de la nouba zidane, suivie d'une exposition consacrée aux instruments de musique.