La chanteuse de Sanaâ (musique andalouse d'Alger) Beihdja Rahal, a présenté son nouvel album consacré à la Nouba Medjenba (en Fa dièse) dans la soirée de mardi devant un public très recueilli. La Nouba Medjenba, « peu connue du public », selon les dires de l'artiste-quêteuse de patrimoine andalou, est composée d'une succession de poésies amoureuses, bacchiques et d'éloges à la beauté de la nature comme il est de tradition dans cette musique savante qui s'interprétait dans les palais devant des publics aristocratiques. Après avoir accompagné à l'unisson l'inquilab jarka « Sayidi anta el-ouassila » (Seigneur tu es mon seul recours) en ouverture au concert, l'orchestre composé des instruments traditionnels de la Sanaâ d'Alger (luths, kouithra, qanoun, tar, derbouka et violons), a attaqué le prélude instrumental de la nouba, une touchiya Raml également « très peu jouée » selon la cantatrice. Le Mçaddar, 1er mouvement de la Nouba « Yaftin bi lahdihi » (Séducteur de l'instant), a d'emblée ému le public par son mouvement ample et ses descriptions de l'aimé. Le 2e mouvement (Btayhi) a décrit les peines d'un cœur « prisonnier » « Qalbi Hassel meskine ». Un Istikhbar Zidane (improvisation en solo) : « Ara-dar-ha »(Je vois sa maison) a ensuite exprimé tout le chagrin de celui qui ne voit de sa bien-aimée que la demeure. « La Chine est plus proche que toi ! », se désespère le poète. Le 3e mouvement de la nouba, un dardj qui s'anime peu à peu, est consacré à la beauté du crépuscule et aux débuts de l'ivresse. Au 4e mouvement (insiraf), l'amoureux est éploré et les larmes ruissellent sur ses joues. Trois autres insiraf se succèdent alors pour dire les douleurs des « destins scellés » malgré « La poudre d'or qui pleut sur une terre déserte » et poser sans ambages la question au raqib (censeur) : « O toi juge des croyants et des amants, qu'as-tu à dire sur cette affaire ? » Le dernier mouvement, un « Khlass » vif et dansant invite à écouter « Balabil el-Afrah » (Les Rossignols de la fête). Des oiseaux philosophes qui prétendent que « ne dilapident leur or dans la boisson que les êtres doués de raison » et qui recommandent de n'accepter « aucun blâme ni reproche ». Ce dernier album disponible dans les bacs vient compléter la série des 22 albums consacrés aux Noubas d'Alger que Beihdja Rahal a enregistrés depuis 1995. Après ce concert à Alger, la chanteuse se produira à Mostaganem, Relizane et Mascara les 9, 10 et 15 juillet.