Alors qu'auparavant les discussions tournaient autour des problèmes que connaît le secteur, c'est plutôt un tableau reluisant qui est présenté cette année, notamment en matière d'amélioration de la production en qualité et en quantité. Conséquence du plan de relance mis en place, les trois secteurs entament leur essor et ambitionnent même de récupérer leurs parts de marché avec comme perspective le marché international. Kamel Latreche, cadre commercial à l'entreprise MVL (chaussures et cuir), espère que le code des marchés publics, qui fait l'objet présentement de révision, apporte des mesures qui assoupliront l'acte d'investir. Pour lui, le code des marchés actuel est contraignant pour les entreprises publiques. « Nous avons un plan de charges très important sauf que pour avoir la matière première, nous devons passer par un avis d'appel d'offres. Et cela nous fait perdre du temps alors que le client nous impose des délais que l'entreprise doit respecter ». Et d'ajouter : « Les entreprises privées ne sont pas concernées par ces procédures. Aussi, nous faisons face à une concurrence déloyale, cela sans citer les importations tous azimuts ». Latreche souligne, toutefois, que de nettes améliorations sont enregistrées aujourd'hui dans le secteur et que de nouveaux projets sont en cours de réalisation. « Nous avons constaté la volonté des pouvoirs publics de relancer et de mettre en avant la production nationale. C'est, certes, important mais ce n'est pas suffisant. Il faut libérer les initiatives », préconise-t-il. Il fait, en outre, observer que la mesure relative à la préférence nationale a été très bénéfique pour les entreprises publiques. « C'est un acquis », souligne, pour sa part, Boualem Zerrouk, chef de structure des marchés publics au niveau de l'entreprise Macvil (cuir et chaussures) de Bordj El Kiffan. « Les crédits bonifiés à 1%, contractés en 2013, nous ont permis de relancer les usines et d'améliorer la qualité », reprend Latreche, précisant que le secteur comptait 17 unités de production, dont sept ont été fermées. « Les crédits que nous devons rembourser à partir de 2017 ont servi au renouvellement des équipements et à la formation », explique-t-il, notant que « depuis 20 ans, nous n'avons pas formé d'ingénieurs, pour ne citer que cette qualification ». Ce qui explique, selon lui, le manque de main-d'œuvre qualifiée. Dans le même contexte, Abderrazak Benali, chargé de la création et du marketing auprès de Texalg, un groupe de textile constitué de 17 unités de production, souhaite la réouverture de l'école de formation du textile de Boumerdès. « Les jeunes s'intéressent peu à ce secteur d'autant que les salaires ne sont pas attractifs », regrette Zerrouk, qui relève que « le salaire d'un ouvrier qui a 28 ans de service ne dépasse pas les 30.000 DA ». Pour ce qui est des projets, Boualem Zerrouk souligne que l'année 2015 sera celle de l'ouverture de plusieurs unités de production. Il est prévu, entre autres, la délocalisation prochaine de l'usine de chaussures de Bordj El Kiffan vers Chéraga, avec l'augmentation de la capacité de production jusqu'à 3.000 unités/jour, soit le double de ce qui se fait aujourd'hui, et le renforcement de l'effectif. Il est également programmé l'ouverture de 52 boutiques « Jacket-Club » suite à une fusion avec C&H Fashion pour la création d'un réseau de distribution de chaussures, vêtements en cuir et textile. La plus grande unité de distribution de trois étages, sise à la rue Larbi-Ben-M'hidi sera ouverte au public en mars 2015. Il est également prévu de relancer la chaussure pour enfant au niveau de l'usine de Sétif en 2016. Sur les 10 usines, 5 sont spécialisées dans la tannerie. Mega tannerie Batna, mégisserie aurassienne, pour ne citer que celles-ci, ont bénéficié du renouvellement à 100% de leurs équipements. « Nous exportons actuellement 70% de notre production (produits semi-finis). Et avec les nouveaux équipements, nous envisageons d'exporter des produits finis », indique son responsable de production, Slimane Medji, tout en déplorant que 30% des peaux de mouton et chèvre sont exportées vers la Tunisie à travers le circuit informel. Le Village du textile entrera en exploitation en 2016 C&H Confection, un groupe regroupant 15 unités de production, a non seulement remis en branle sa machine de production mais il a conclu des contrats de partenariat avec des étrangers, dont le dernier avec l'entreprise turque Ringelsan pour l'installation d'une usine de production des costumes de marque Hugo Boss, a fait savoir Farouk Kebbi, responsable du département vente du groupe confection et habillement C&H Fashion. Pour ce qui est du Village du textile de Relizane, qui s'étalera sur 330.121 m2 et dont le montant d'investissement s'élève à 64 milliards de dinars, il entrera en exploitation à partir de 2016, selon la même source.